Au Venezuela, Maduro mise sur l’intimidation militaire
Au Venezuela, Maduro mise sur l’intimidation militaire
Le Monde.fr avec AFP
Le président contesté du pays fortement ancré dans la crise a prévu de tenir des manœuvres militaires fin février, afin de renforcer « l’âme nationale ».
Le président du Venezuela Nicolas Maduro le 16 février à Caracas. / HANDOUT / REUTERS
Le président du Venezuela Nicolas Maduro a annoncé samedi 17 février la tenue les 24 et 25 février de manœuvres militaires auxquelles participeront aussi des civils, pour renforcer la capacité de défense du pays face à d’éventuelles menaces étrangères. « J’ai ordonné aux forces armées, conjointement avec notre peuple, dans une union civilo-militaire, de mener les manœuvres militaires Independencia 2018 samedi 24 et dimanche 25 février », a déclaré M. Maduro dans une allocution diffusée par les médias.
Le président Maduro se trouvait dans l’Etat de Vargas, situé dans le nord du Venezuela, sur la mer des Caraïbes, où il assistait à l’appareillage du navire-école vénézuélien Simon Bolivar pour un périple où il fera escale dans douze pays d’Amérique latine.
Ces manœuvres annuelles serviront à « parfaire l’efficacité des équipements, le mouvement des troupes, des chars, des missiles, des avions, des hélicoptères » et à renforcer « l’âme nationale », a précisé M. Maduro.
Menaces colombiennes ?
L’annonce des dates de l’édition 2018 des manœuvres intervient au lendemain d’accusations lancées par M. Maduro contre la Colombie. Selon lui, l’armée colombienne préparerait sous l’influence des Etats-Unis des provocations militaires contre le Venezuela en vue de déclencher un conflit armé entre les deux pays.
Lors d’un conseil des ministres, M. Maduro a affirmé vendredi que l’armée colombienne entraînait actuellement des dizaines de citoyens vénézuéliens qui devraient ensuite, selon lui, être chargés de mener des attaques en Colombie, vêtus d’uniformes de l’armée vénézuélienne, afin de déclencher un conflit bilatéral. M. Maduro a affirmé disposer de preuves de ses accusations.
Samedi, le président vénézuélien s’est montré défiant. « Nous n’accepterons jamais que la botte militaire impériale étrangère foule le sol sacré de la patrie vénézuélienne », a lancé M. Maduro, qui est candidat à un nouveau mandat lors de l’élection présidentielle anticipée du 22 avril.
Craintes de fraude
L’opposition, elle, continue de mener des consultations pour décider si elle participera à cette élection. Elle dit craindre que M. Maduro ne se maintienne au pouvoir par la fraude, les autorités électorales vénézuéliennes lui étant favorables.
Des pays comme l’Argentine et la Colombie ont annoncé d’avance qu’elles ne reconnaîtraient pas le résultat de l’élection.
Le Venezuela se trouve dans une grave crise sociale et économique, avec des pénuries de nombreux produits de première nécessité, aliments et produits pharmaceutiques, et une hyperinflation qui devrait atteindre 13 000 % en 2018 selon le Fonds monétaire international (FMI).
La popularité de M. Maduro est au plus bas, plus de 70 % des citoyens souhaitant son départ selon des sondages, mais il bénéficie d’un fort soutien institutionnel dont celui de l’armée.