Au Bénin, report d’un important procès pour trafic de médicaments
Au Bénin, report d’un important procès pour trafic de médicaments
Le Monde.fr avec AFP
Dix suspects, dont les responsables des plus grandes compagnies pharmaceutiques du pays, sont notamment accusés de « vente de médicaments falsifiés ».
Un procès sans précédent portant sur un vaste trafic de médicaments s’est ouvert, mercredi 21 février, à Cotonou dans une ambiance électrique, pour être aussitôt reporté au 6 mars à la demande des parties civiles. « Nous avons souhaité que le procès soit reporté pour qu’on puisse le joindre à une autre affaire d’exercice illégal en pharmacie », a confié un des avocats de la partie civile à l’AFP. Les accusés devront rester en détention jusqu’à cette date, malgré les demandes de leurs avocats.
Dix suspects, dont les responsables des plus grandes compagnies commerciales pharmaceutiques du Bénin, sont accusés de « vente de médicaments falsifiés, exposition, détention en vue de vente, mise en vente ou vente de substances médicamenteuses falsifiées ». C’est la première fois qu’un procès d’une telle envergure impliquant le secteur de la vente des médicaments et de la pharmacie s’ouvre au Bénin, où le gouvernement de Patrice Talon a décidé de faire la guerre au trafic de médicaments, véritable fléau en Afrique de l’Ouest.
En février 2017, les autorités avaient lancé une vaste opération pour fermer une partie du marché de Dantokpa, réputé pour vendre à ciel ouvert d’importantes quantités de faux médicaments. Des dizaines de tonnes ont été saisies et des dizaines de personnes ont été arrêtées depuis les douze derniers mois.
« La peur s’est installée »
L’affaire, qui concerne les plus grands acteurs du secteur au Bénin, implique également deux collaborateurs du député de l’opposition Atao Hinnouho, toujours introuvable, chez qui la police a saisi plusieurs centaines de cartons de médicaments début décembre 2017. « Il y a une peur qui s’est installée chez les vendeurs de faux médicaments et chez les grossistes, affirme au Monde Afrique Gilbert Togbonon, procureur chargé du dossier. Il y a des dénonciations qui ont permis de fermer des magasins remplis de faux produits. Il faut une tolérance zéro pour lutter contre ce fléau. »
Placés sous mandat de dépôt depuis mardi 20 février, neuf prévenus – tous à l’exception du directeur des Pharmacies, des Médicaments et des Explorations diagnostic, qui est poursuivi sans mandat pour « abus de fonction » – sont apparus devant le tribunal de première instance dans des uniformes de la prison civile de Cotonou. Des employés de leurs sociétés étaient présents pour les soutenir. L’un des prévenus a perdu connaissance en pleine audience et a dû être évacué de la salle.