LES CHOIX DE LA MATINALE

Une des nouvelles séries de Netflix, Seven Seconds ; la version française de Skam, véritable phénomène en Norvège, et les dialogues trash de Little Britain USA. Voici notre sélection hebdomadaire de séries.

« Seven Seconds » : sous haute tension raciale

SEVEN SECONDS Bande Annonce VF (Série Netflix, 2018)
Durée : 02:09

Seven Seconds, créée par Veena Sud, l’une des toutes meilleures séries proposées en ce début d’année par Netflix, semble être la continuation de l’excellente American Crime, créée par John Ridley. Ses thématiques sociopolitiques sont du même ordre : un adolescent afro-américain est renversé par la voiture d’un policier en civil (le remarquable Beau Knapp) qui se rend en hâte à l’hôpital où sa femme accouche. Lorsqu’il constate l’accident, il appelle son supérieur, qui vient sur les lieux avec deux autres collègues en civil de la brigade des stups de Jersey City (New Jersey). Craignant les retombées de cet accident sur l’opinion publique, déjà échauffée par de nombreux cas d’accidents meurtriers mettant en cause des policiers blancs et des victimes noires, l’escadron quitte les lieux en laissant la victime dans un fossé.

Le reste des longs (jusqu’à 80 minutes) dix épisodes montre à la fois l’enquête menée par le substitut du procureur (la formidable actrice britannique Clare-Hope Ashitey), la veulerie et les doubles jeux racistes de la police, les épouvantables détresses de familles afro-américaines impuissantes face à une justice scandaleusement biaisée. La mère de la victime est incarnée par une autre grande comédienne noire, Regina King. Sa présence dans Seven Seconds accentue encore le lien avec American Crime, où elle jouait chaque saison un rôle éminent. On notera que le deuxième épisode de cette bouleversante et très forte série est signé par Jonathan Demme, le réalisateur du Silence des agneaux (1991) et de Philadelphia (1993), mort peu après ce tournage. Renaud Machart

Seven Seconds, série créée par Veena Sud. Avec Clare-Hope Ashitey, Regina King, Beau Knapp, David Lyons (EU, 2018, 10 x 54-80 min.) Sur Netflix.

« Skam France » : le nombril jeune

Bande-annonce SKAM FRANCE
Durée : 00:57

En Norvège, Skam est un véritable phénomène. Souvent comparée à la britannique Skins, cette série, dont le titre signifie « honte », ne s’impose aucun tabou pour raconter le quotidien d’une poignée de lycéens de la banlieue aisée d’Oslo, au cœur d’un récit presque sans adultes : les cours, leurs soirées très alcoolisées, leurs amis, la quête de popularité et la sexualité à explorer. Cette authenticité a également séduit à l’étranger, notamment en Europe où la série connaît diverses adaptations. En France, les deux premières saisons de la version française sont diffusées sur France 4. Cependant, la série a été lancée début février sur les réseaux sociaux : les épisodes sont construits avant tout comme un programme à consommer en ligne plutôt que devant un écran de télévision. Un des enjeux majeurs pour le réalisateur, David Hourrègue, était de confier la tête d’affiche à de jeunes actrices devant remplacer leurs homologues norvégiennes devenues iconiques. La distribution française, spontanée et représentative d’une féminité plurielle et multiculturelle, contribue notablement au succès de Skam. Pauline Croquet

Skam France, adaptée de la série créée par Julie Andem. Avec Philippine Stindel, Lula Cotton Frapier, Marilyn Lima (Fr., 2018, 9 x 20 min). France 4 Replay.

« Little Britain USA » : l’Amérique tournée en dérision

Little Britain USA VF 1x06 Hilarie Burton's Appearance
Durée : 01:51

Si l’irrévérence et le délicieux humour noir de Getting On ou de French & Saunders est à votre goût, nul doute que Little Britain USA (2008) vous enchantera. Cette série dérivée de Little Britain (2003-2005), production télévisée britannique à grand succès créée par David Walliams et Matt Lucas, se paie la tête des Etats-Unis avec une totale absence de retenue dans la caricature. Dès le premier épisode, où l’on voit Rosie O’Donnell questionnée par l’animatrice d’un atelier de parole pour obèses, le ton est donné : « Vous êtes devenue lesbienne parce que, étant grosse, vous ne trouviez aucun homme ? » (Peu après, le dialogue se fait beaucoup plus épicé…) Plus tard, un démonstrateur d’armes à feu témoigne d’une formidable érection chaque fois qu’il touche l’une d’entre elles… Jusqu’à ce qu’une tâche fraîchement humide marque un pli de son pantalon. Les créateurs jouent eux-mêmes, souvent en travestis, les personnages principaux de ces saynètes potaches et parfaitement incorrectes. Un régal. R. Ma.

Little Britain USA, créée par David Walliams et Matt Lucas. Avec David Walliams et Matt Lucas (G.B., 2008, 6 x 27 min.) OCS Go à la demande.