Edouard Philippe et Elisabeth Borne, ministre des transports, lors d’une conférence de presse sur la réforme du système ferroviaire, le 26 février. / JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

Le risque était connu : le gouvernement souhaitait aller vite sur un dossier compliqué et controversé. Le premier ministre Edouard Philippe a fait part de sa volonté de recourir aux ordonnances pour faire adopter, « avant l’été », une réforme de la SNCF. Celle-ci prévoit, entre autres, la fin du statut de cheminot pour les nouvelles recrues et la transformation de l’entreprise « en société nationale à capitaux publics ».

Edouard Philippe dévoile les grands axes de la réforme de la SNCF
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Dénonçant un « passage en force », les syndicats se sont dits prêts à la grève. La CGT-Cheminots, première force de la compagnie ferroviaire, envisage « un mois » de cessation de travail pour « faire plier le gouvernement ». La CFDT propose une « grève reconductible à partir du 14 mars ». L’UNSA souhaite elle aussi une mobilisation. « Un mouvement dur », prévient, de son côté, SUD-Rail. Ces quatre syndicats représentatifs se retrouveront mardi 27 février dans l’après-midi pour discuter d’une réponse commune.

« Je ne vais pas au conflit », leur a lancé, lundi soir, M. Philippe, au journal télévisé de 20 heures sur France 2.

« J’ai bien entendu un certain nombre de représentations des organisations syndicales, qui considéraient que le recours aux ordonnances, prévu par la Constitution, était un casus belli. Moi, je ne me situe absolument pas dans une logique de conflictualité, de guerre, de bras de fer. Je dis simplement que nous devons avancer. »

En matinée, il avait souligné que « la situation est alarmante, pour ne pas dire intenable » : « Les Français, qu’ils prennent ou non le train, paient de plus en plus cher pour un service public qui marche de moins en moins bien. » 

« Un des plus importants mouvements de l’histoire de la SNCF »

Un projet de loi d’habilitation à procéder par ordonnances sera présenté à la mi-mars. Les syndicats CGT, UNSA, SUD-Rail et CFDT avaient menacé, dès la semaine dernière, d’un « conflit majeur » si le gouvernement choisissait de légiférer par cette voie.

« Nous allons relever le défi. On est sûrement parti pour l’un des plus importants mouvements sociaux de l’histoire de la SNCF », a affirmé au Parisien le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun. « Je ne laisserai personne cracher à la figure des cheminots », s’est exclamé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, interrogé par Les Echos.

« La question ce n’est pas de dénigrer les cheminots, je ne le ferai jamais », a assuré, de son côté, le premier ministre sur France 2, notant que ces derniers « font un boulot souvent très difficile ».