L’usine Ford de Blanquefort menacée
L’usine Ford de Blanquefort menacée
Le groupe automobile a annoncé son intention de ne plus investir dans l’usine girondine. Bruno Le Maire presse Ford de « garantir la pérennité » du site.
L’usine de Ford Aquitaine Industries de Blanquefort (Gironde), en mai 2013. / JEAN-PIERRE MULLER / AFP
Ford Europe a décidé de ne plus investir dans son site de production de boîtes de vitesses de Blanquefort (Gironde), près de Bordeaux, où un millier d’emplois sont menacés, a annoncé le groupe automobile mardi 27 février aux élus du comité d’entreprise.
Dans un communiqué, le groupe affirme par ailleurs son « engagement à chercher une solution viable et pérenne au maintien de l’emploi sur le site », y compris « la recherche de tout repreneur potentiel intéressé par le site ».
Les emplois du site Ford Aquitaine Industries (FAI) étaient protégés par un accord quinquennal passé entre Ford et les autorités contre le versement d’aides publiques, mais cet accord s’achève à la fin de mai.
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a immédiatement réagi dans un communiqué, pressant Ford de « garantir la pérennité » de son usine de Blanquefort. M. Le Maire « souhaite que le groupe Ford travaille de manière étroite avec les représentants des salariés, les collectivités locales concernées et l’Etat afin de garantir la pérennité de ce site industriel et le maintien à long terme de l’emploi », écrit Bercy dans un communiqué.
Réunion « dans les prochains jours »
Le ministre de l’économie a annoncé qu’il réunirait « dans les prochains jours » au ministère « les représentants des salariés du site ainsi que les élus concernés, afin de faire le point sur la situation et les suites à lui donner ».
Le communiqué de Bercy précise que M. Le Maire a récemment rencontré le président Europe du groupe Ford, M. Steven Armstrong, et « lui a demandé de maintenir une charge de travail suffisante sur le site jusqu’à fin 2019 », afin de « permettre la recherche dans de bonnes conditions de nouvelles activités pour cette usine, au sein du groupe Ford ou en lien avec des partenaires externes ».
Reçus en septembre à Bercy, les syndicats de FAI-Blanquefort, avec en figure de proue Philippe Poutou (CGT, candidat du NPA à l’élection présidentielle de 2012), mobilisent depuis des années sur leurs craintes pour la survie du site. Ils ont fréquemment accusé Ford de repousser des décisions d’investissement pour gagner du temps, et réclamaient notamment une nouvelle boîte de transmissions, baptisée 8F-MID, dont la production à Blanquefort aurait assuré selon eux la continuité de l’usine, qui emploie actuellement 910 personnes, sans compter les intérimaires.
Débrayage
Mais les responsables de Ford Europe venus mardi à la rencontre des élus du CE ont douché les espoirs des syndicats. « Le projet 8F-MID n’est pas économiquement viable à Bordeaux, voilà leurs termes », a déclaré à l’AFP Gilles Lambersend, secrétaire CGT du comité entreprise de FAI.
« Comme nous l’avons déjà dit, l’activité industrielle à FAI dépend de la demande du marché, mais les projections actuelles de volume de production sont saines jusqu’au cours de 2019 », a souligné Ford dans son communiqué.
« A la place, on nous propose un “groupe de travail” pour trouver une solution alternative, mais cette solution ne viendra pas de Ford », a poursuivi le cégétiste, qui estime que cette annonce risque même de « précipiter la fermeture » du site de Blanquefort. « Il n’y a plus de produits Ford qui seront affectés à l’usine », a confirmé une source syndicale de la CFTC.
Les salariés de FAI ont entamé vers 13 heures un débrayage de deux heures et ont recouvert les portiques d’accès à l’usine d’une grande banderole proclamant « Ford Bordeaux, usine en danger, sauvons les emplois ».