Bure : les opposants annoncent leur intention de manifester malgré un arrêté préfectoral
Bure : les opposants annoncent leur intention de manifester malgré un arrêté préfectoral
Le Monde.fr avec AFP
Opposés au projet d’enfouissement des déchets nucléaires dans cette commune de la Meuse, ils ont l’intention de se rassembler ce week-end malgré l’interdiction préfectorale.
Les opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) ont annoncé vendredi 2 mars leur intention de passer outre l’interdiction de manifester décrétée par la préfecture, qui redoute de nouveaux débordements.
Il y a une semaine, pas de moins de 500 gendarmes avaient été requis pour l’évacuation manu militari d’une quinzaine d’occupants du bois Lejuc, épicentre de la contestation, tandis que leurs bivouacs et barricades étaient détruits à l’aide de bulldozers.
Devant la perspective de nouveaux « troubles graves à l’ordre public », la préfète de la Meuse, Muriel Nguyen, a pris dans la nuit de jeudi à vendredi un arrêté interdisant « toute manifestation ».
« Un fort risque d’affrontements »
« Plus de 700 opposants sont attendus », dit-elle dans l’arrêté. « Il existe un fort risque d’affrontements avec les forces de l’ordre stationnées aux abords du bois », a-t-elle précisé à l’AFP, étant donné « le caractère jusqu’au-boutiste de certains des opposants » et « le mot d’ordre visant à réinvestir » la zone, a encore fait valoir la préfète de la Meuse.
« On est scandalisé. C’est un arrêté liberticide », a répliqué Juliette Geoffroy, porte-parole du Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra), ajoutant que l’appel au rassemblement lancé par les opposants était « maintenu ».
Prévu de longue date, il doit être selon eux l’occasion d’« une rencontre inter-comités de soutien et de lutte ».
La préfète Muriel Nguyen a prévu un dispositif de maintien de l’ordre. « Mais le dispositif ne viendra pas gêner un rassemblement pacifique », a-t-elle cependant dit.
« Il y a une hypocrisie totale, car ils demandent plus de consultation et on nous empêche de nous réunir pour discuter », proteste Sylvain, habitant de la commune.
Le 23 février, au lendemain de l’évacuation du site, les associations d’opposants, qui devaient rencontrer le secrétaire d’Etat à la transition écologique, Sébastien Lecornu, avaient boycotté la réunion.
Une demande d’autorisation prévue pour 2019
Le site de Bure a été choisi en 1998 pour accueillir un laboratoire souterrain qui doit préparer l’enfouissement des déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue produits par les centrales du parc de centrales françaises.
Quant au bois Lejuc et ses abords, un terrain qui s’étend sur 221 hectares, il a été retenu par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour l’installation des cheminées d’aération du laboratoire.
L’agence doit aussi réaliser des forages exploratoires dans la forêt afin de récolter des données en vue du dépôt d’une demande d’autorisation formelle de création du site, prévue pour 2019, les forages étant rendus impossibles par l’occupation du bois.
Depuis le lancement du projet, les manifestations d’opposants se sont multipliées tandis que des recours judiciaires étaient intentés pour essayer d’empêcher le démarrage des travaux. En août dernier, des affrontements avaient fait six blessés parmi les opposants et deux parmi les gendarmes.