Ile-de-France : les affiches de la campagne contre le harcèlement dans les transports critiquées par les internautes
Ile-de-France : les affiches de la campagne contre le harcèlement dans les transports critiquées par les internautes
Le Monde.fr avec AFP
Des internautes ont dénoncé des choix graphiques d’une campagne lancée ce lundi, qui selon eux ne permettent pas de rendre compte du caractère « banal » des harceleurs.
Une campagne d’information et un numéro d’alerte unique (le 31 17) pour tous les transports en commun d’Ile-de-France ont été lancés lundi 5 mars à Paris. Le but annoncé est de « libérer la parole des femmes » confrontées au harcèlement sexuel, de sensibiliser les témoins généralement passifs et de punir les « prédateurs ».
#StopHarcelement Ne minimisons jamais le harcèlement sexuel, victimes ou témoins donnez l’alerte !
Lancement d’u… https://t.co/i4vUm5GTGU
— GroupeRATP (@Groupe RATP)
Si la prise de conscience du harcèlement dans les transports a été saluée, le choix des affiches présentées fait débat. La campagne, qui proclame « Ne minimisons jamais le harcèlement sexuel. Victimes ou témoins, donnez l’alerte ! », met en scène plusieurs femmes seules qui tiennent une barre de métro, menacées par un requin, un loup ou un ours.
Cette représentation a déclenché la colère et le ras-le-bol d’internautes qui considèrent que ce choix ne montre pas le caractère « banal » d’un harceleur. « Pour sensibiliser et éduquer il faut montrer (ou suggérer) la réalité. Le harcèlement est le fait de Monsieur tout le monde ! », note ainsi une internaute.
#StopHarcèlement dans les transports parfait ... mais pourquoi les agresseurs sont-ils des animaux ?
Pour sensibili… https://t.co/MNBDCyioAd
— CelineMalaise (@Céline Malaisé)
« Si un agresseur = un loup hurlant ou un ours, cela ne va pas pousser beaucoup d’hommes à se remettre en cause », ajoute un autre.
Si un agresseur = un loup hurlant ou un ours, cela ne va pas pousser beaucoup d'hommes à se remettre en cause. Je m… https://t.co/aw3tnBXjl1
— valeriomotta (@Valerio Motta)
La blogueuse féministe Crêpe Georgette a elle aussi dénoncé ce choix et plus généralement une campagne tournée vers les victimes plutôt que vers les autres acteurs qui interviennent après une agression.
un agresseur sexuel a beaucoup plus de chances de ressembler à cela qu'à vos animaux féroces ridicules. https://t.co/N92ObswDvC
— valerieCG (@CrêpeGeorgette)
Formez les cows boys de la sécurité RATP, formez la police, formez la gendarmerie, permettez des procédures accélér… https://t.co/KJX2Tx8qQA
— valerieCG (@CrêpeGeorgette)
« Ce ne sont pas les hommes qu’on stigmatise, ce sont les prédateurs »
Le choix de la représentation des harceleurs par des animaux a été justifié par Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France et d’IDF Mobilités, lors du lancement officiel de la campagne.
« L’objectif est de libérer la parole, inciter à témoigner et sanctionner les prédateurs », a-t-elle dit, « sur le harcèlement, c’est vraiment l’omerta, les femmes le subissent mais c’est compliqué d’aller le dénoncer. C’est là-dessus que comptent les prédateurs », a insisté l’élue francilienne avant d’ajouter « ce ne sont pas les hommes qu’on stigmatise, ce sont les prédateurs ».
Selon diverses enquêtes (Virage 2015, Fnaut 2016, IAU 2016), 43 % des faits de violences graves contre les femmes ont lieu dans les transports en Ile-de-France, 87 % des usagères en France déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel et six femmes sur dix craignent une agression ou un vol, contre trois hommes sur dix.