Allemagne : le SPD dévoile la liste de ses ministres
Allemagne : le SPD dévoile la liste de ses ministres
Par Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
Trois hommes et trois femmes issus du Parti social-démocrate occuperont des postes importants dans le nouveau gouvernement d’Angela Merkel.
Andrea Nahles, présidente du groupe social-démocrate au Bundestag (deuxième à partir de la gauche), présente les six ministres SPD du nouveau gouvernement, vendredi 9 mars, à Berlin : Hubertus Heil (travail), Heiko Maas (affaires étrangères), Olaf Scholz (finances), Katarina Barley (justice), Franziska Giffey (famille) et Svenja Schulze (environnement). / MICHAEL SOHN / AP
C’était la dernière inconnue qui restait à lever avant l’investiture du nouveau gouvernement allemand, prévue mercredi 14 mars : qui le Parti social-démocrate (SPD) allait-il choisir pour occuper les ministères qui lui ont été réservés dans le « contrat de coalition » scellé, le 7 février, avec les conservateurs de la CDU-CSU ? La réponse a été donnée, vendredi 9 mars, lors d’une conférence de presse, à Berlin, par Andrea Nahles, chef de file des députés sociaux-démocrates au Bundestag et candidate à la présidence du parti, et Olaf Scholz, président du SPD par intérim depuis la démission de Martin Schulz, le 13 février.
Olaf Scholz, ministre des finances
Comme cela avait été annoncé, M. Scholz sera ministre des finances et vice-chancelier. Maire de Hambourg depuis 2011, il fut déjà ministre d’Angela Merkel de 2007 à 2009, chargé à l’époque du travail et des affaires sociales. Avocat résolu de la réforme du marché du travail entreprise par le chancelier Gerhard Schröder au début des années 2000, cet homme de 60 ans peu expansif est politiquement plus proche de certains conservateurs que de la gauche du SPD.
Heiko Maas, ministre des affaires étrangères
Pour le ministère des affaires étrangères, le SPD a choisi Heiko Maas. Agé de 51 ans, il était, depuis 2013, ministre de la justice. Très engagé dans la lutte contre l’extrême droite, auteur d’une loi controversée visant à réprimer les propos haineux sur les réseaux sociaux (entrée en vigueur le 1er janvier), ce Sarrois n’a pas d’experience particulière dans le domaine des affaires étrangères. En juillet 2017, il s’était toutefois distingué par des propos très durs contre le régime du président turc, Recep Tayyip Erdogan. « M. Erdogan remplit les prisons avec ses adversaires et ceux qui le critiquent. Cela n’a plus rien à voir avec ce que doit être un Etat de droit », avait-il déclaré à l’époque, quelques jours après l’arrestation, en Turquie, de plusieurs défenseurs des droits de l’homme.
Aux affaires étrangères, Heiko Maas remplacera Sigmar Gabriel. Dès jeudi matin, celui-ci avait annoncé son départ du gouvernement. Ce n’est qu’une demi-surprise. Même si ses partisans au sein du parti faisaient campagne pour son maintien, celui-ci paraissait peu probable, en particulier en raison de ses relations difficiles avec l’actuelle direction provisoire du SPD. Ministre de l’environnement de 2005 à 2009, de l’économie de 2013 à 2017, puis des affaires étrangères au cours des douze derniers mois, M. Gabriel, qui était devenu la personnalité politique préférée du pays depuis son arrivée à la tête de la diplomatie allemande, était l’un des piliers du gouvernement sortant.
Katarina Barley, ministre de la justice
Pour succéder à Heiko Maas à la justice, le SPD a désigné Katarina Barley. Nommée en juin 2017 ministre de la famille, cette élue du Land de Rhénanie-Palatinat avait également récupéré le portefeuille du travail qui avait été laissé vacant par Andrea Nahles depuis l’élection de celle-ci à la présidence du groupe SPD au Bundestag, au lendemain des élections législatives du 24 septembre 2017.
Agée de 50 ans, Mme Barley ne cachait pas sa volonté de continuer à siéger autour de la table du conseil des ministres. « Je suis un couteau suisse », déclarait-elle encore récemment pour signifier sa disponibilité. De père britannique, bilingue en anglais et très à l’aise en français, elle était pressentie aux affaires étrangères.
Hubertus Heil, ministre du travail et des affaires sociales
Pour lui succéder au travail et aux affaires sociales, le SPD a choisi Hubertus Heil, député depuis 1998 et homme d’appareil : il fut secrétaire général du SPD de 2005 à 2009 avant de réoccuper cette fonction depuis l’été 2017, remplaçant (déjà) Katarina Barley à ce poste.
Franziska Giffey, ministre de la famille
Au ministère de la famille, le SPD a désigné Franziska Giffey. Peu connue du grand public, elle était, depuis 2015, maire de Neukölln, un des arrondissements les plus pauvres de Berlin, où vit une importante communauté étrangère. Agée de 39 ans, elle est originaire de Francfort-sur-l’Oder (Brandebourg), à la frontière polonaise, ce qui n’est peut-être pas étranger à sa nomination : ces dernières semaines, plusieurs élus des Länder d’ex-Allemagne de l’Est avaient critiqué le fait que la CDU n’ait pas nommé de ministres issus de ces territoires.
Svenja Schulze, ministre de l’environnement
Enfin, pour le ministère de l’environnement, le SPD a désigné Svenja Schulze. Agée de 50 ans, elle fut de 2010 à 2017 ministre de l’innovation et de la recherche de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et était depuis 2017 secrétaire générale du parti dans ce Land, le plus peuplé d’Allemagne et le bastion historique de la sociale-démocratie. Elle succède à Barbara Hendricks, qui était ministre de l’environnement depuis 2013 et était, elle aussi, une élue de ce Land du nord-ouest de l’Allemagne.