Faire un Executive MBA (EMBA) à l’université ? Alors, ce sera Paris-Dauphine, la seule en France à proposer une telle formation, aux côtés de quelques MBA plus spécialisés (Ressources humaines, Santé, Management international….). Créé en 1998, en partenariat avec l’Université du Québec à Montréal (UQAM), ce MBA se distingue des autres par une coloration universitaire marquée.

« Notre philosophie est plutôt d’apprendre à nos étudiants comment on crée des valeurs, plutôt que leur apprendre comment on crée de la valeur, déclare Nicolas Berland, directeur de Dauphine Recherches en Management (DRM) et co-directeur de l’Executive MBA. Nous voulons former des manageurs qui vont accompagner le collectif, incarner la responsabilité managériale, promouvoir un management bienveillant. Ce sont des valeurs dans lesquelles la plupart de nos étudiants se reconnaissent. »

Autre particularité, les enseignants du MBA ne sont pas des cadres en entreprise mais des universitaires, et s’appuient sur leurs recherches pour leurs enseignements : « Nous reproduisons dans le MBA ce qui fait l’ADN de Dauphine », insiste Nicolas Berland. Ce qui n’empêche que la formation dispensée est loin des cours d’amphi : grâce à une mallette pédagogique, comprenant ouvrages et CD, les étudiants peuvent préparer cours et séminaires chez eux. Le temps passé en « session » est de la sorte entièrement consacré aux travaux en équipe projet, études de cas et retours d’expérience par petits groupes de 20 à 25 étudiants.

Des étudiants expérimentés

Le programme s’organise autour de cinq thématiques : (1) hommes, décisions et responsabilités, (2) marchés, clients, ressources financières et données comptables, (3) ressources humaines, systèmes de production et réseaux d’information, (4) innovations, stratégies organisationnelles, (5) pratiques de gestion en contexte internationalisé. Le rythme « VSD » (vendredi, samedi, dimanche, une fois par mois pendant 22 mois) permet d’alterner travaux personnels et travaux en équipe, et de concilier les études avec la poursuite de l’activité professionnelle.

Peut-être en raison de cette orientation plus universitaire et tournée vers la recherche, le MBA de Paris-Dauphine recrute des étudiants un peu plus âgés qu’ailleurs. L’écrasante majorité des étudiants a entre 30 et 50 ans, et 5 % ont même dépassé la cinquantaine. Sept ans minimum d’expérience professionnelle sont exigés pour postuler. « Au fil des années, notre public a mûri, constate le responsable de l’Excutive MBA. L’âge moyen de nos étudiants a glissé de cinq ans. » 

Une évolution plutôt bienvenue, ajoute-t-il, « car la pédagogie s’appuie sur l’expérience des gens. Lorsque nous voyons des candidats trop jeunes, nous leur disons de ne pas venir, que c’est trop tôt ». Les femmes représentent environ un quart des promotions, et les étudiants étrangers sont relativement peu nombreux, une grande partie des enseignements se faisant en français – ce qui, de fait, en interdit l’accès aux non-francophones.

Le partenariat avec l’UQAM se traduit d’abord par les interventions de professeurs canadiens auprès des étudiants à Paris-Dauphine, mais aussi via un séminaire commun avec les étudiants québécois, autour d’un projet de création d’entreprise. Les étudiants de Paris-Dauphine partent une semaine fin août à Montréal pour un séminaire international. Ils y côtoient leurs homologues québécois, au profil assez spécifique.

« Notre université est tournée vers la reprise d’études, plutôt que vers la formation initiale, et recrute de ce fait des gens de catégories relativement modestes, précise Guy Cucumel, professeur en sciences de Paris-Dauphine et vice-doyen à la recherche de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. De plus, nos normes de recrutement font que nous exigeons que nos étudiants aient un emploi lorsqu’ils intègrent le MBA, de sorte qu’ils soient moins mobiles que d’autres. »

Un autre objectif que l’argent

Au Canada, l’Executive MBA Dauphine ESG-UQAM est très valorisé : classé premier pour les MBA francophones, il arrive deuxième après celui de l’Université McGill, la puissante voisine de l’UQAM à Montréal. Les élèves particulièrement intéressés par une expérience internationale ont la possibilité de suivre des enseignements des deux côtés de l’Atlantique, par exemple en commencant leur MBA à Paris et en le terminant à Montréal.

A la clé de ce MBA universitaire franco-canadien : un double diplôme, celui de l’Université Paris-Dauphine et celui de l’UQAM. Dauphine propose, en outre, aux étudiants du MBA un voyage d’études optionnel en Thaïlande ou au Brésil.

Enfin, la dernière différence marquante entre le MBA Paris-Dauphine et ceux des business schools est le prix : 35 000 euros – « non négociable », précise Nicolas Berland. A l’issue du MBA, 91 % des étudiants estiment que la formation a eu un impact sur leur poste et leur métier, et 69 % disent qu’il a eu un impact sur leur rémunération annuelle, selon une enquête réalisée, entre juillet et septembre 2015, sur les promotions 2013 à 2015 par TNS Analysis. Plus précisément, 52 % des étudiants ont eu jusqu’à 10 % d’augmentation, 29 % entre 11 et 40 %, et 19 % plus de 41 % d’augmentation.

Mais gagner plus n’est pas l’objectif affiché de ce MBA. « On ne dit pas à nos étudiants : venez chez nous, vous aller décrocher 25 % d’augmentation salariale à la sortie”, remarque Nicolas Berland. Ça, ce n’est pas nous. »

Participez au MBA Fair du Monde, samedi 17 mars à Paris

Le groupe Le Monde organise, samedi 17 mars, au palais Brongniart, à Paris, la huitième édition du MBA Fair, le Salon des MBA & Executive Masters.

Cet événement est destiné aux cadres qui souhaitent donner un nouvel élan à leur carrière, et renforcer leur employabilité. Sont attendus les responsables de plus de 35 programmes de MBA et d’Executive Masters parmi les plus reconnus des classements internationaux, dans des domaines variés : stratégie, marketing, finances, ressources humaines et management… Des conférences thématiques animées par un journaliste du Monde, ainsi que des prises de parole organisées par les écoles présentes sont également prévues.

L’entrée est gratuite, la préinscription est recommandée pour éviter l’attente.

Ce Salon sera précédé de la publication, dans Le Monde daté du jeudi 15 mars, d’un supplément sur les MBA, à retrouver également sur notre page Lemonde.fr/mba.