Un patient soigné sous une tente, juste après l’évacuation du CHU à la suite d’un incendie le 28 novembre 2017. / HELENE VALENZUELA / AFP

La Guadeloupe n’a pratiquement plus de CHU depuis trois mois, à la suite d’un incendie a priori d’origine humaine. L’hôpital ne devrait pas être réinvesti avant environ « une année », selon Jean Claude Lucina, directeur général adjoint de l’ARS.

En attendant, une partie de l’offre de soins a été délocalisée dans les autres centres de soin de l’île. L’autre partie a réinvesti les bâtiments déjà nettoyés du CHU depuis janvier, mais l’offre de soins demeure restreinte et une partie du personnel se plaint de « malaises ».

Tensions autour du nettoyage du site après l’incendie

Un collectif de défense du CHU demande la « délocalisation externe et totale » le temps de « réhabiliter » ce « bâtiment malsain », selon la cardiologue Mona Hedreville, porte-parole du collectif. La direction, de son côté, demeure « persuadée que le plan de nettoyage en site occupé est la meilleure solution ».

La tension monte, les arrêts maladie de médecins se succèdent et, lors de sa visite en Guadeloupe au début de mars, Annick Girardin, ministre des outre-mer, suspend la décision de la direction.

Le conseil de surveillance du CHU demande quelques jours plus tard une délocalisation partielle externe. Vendredi 9 mars, cette orientation a été suivie par l’agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe.

Il s’agit, pour Jean-Claude Lucina, directeur général adjoint de l’ARS, d’une délocalisation « en plusieurs phases », mais avec la volonté de conserver sur le site du CHU « le plateau technique [urgences, laboratoire, imagerie et réanimation] sinon on met la population en danger ».

Selon lui, « on va avoir pendant pratiquement une année des travaux de nettoyage, de remise en état », avant de réintégrer le CHU.

Une solution qui ne convient pas au collectif de défense : « le risque est avéré, imminent (…) il faut sauver les personnels, sauver les malades, sauver le CHU », martèle Gaby Clavier, dirigeant et délégué syndical UGTG et porte-parole du collectif de défense.

Eclatement géographique temporaire de l’offre de soins

En attendant la fin des travaux dans le CHU, une série de mesures a été mise en place pour assurer la continuité de l’offre de soins.

  • Un hôpital de campagne a été installé pendant deux mois ;
  • La polyclinique des Abymes accueille les services maternité et chirurgie gynécologique ;
  • Le service de réanimation néonatale, un temps transféré au centre hospitalier de la Basse-Terre, est de retour à Pointe-à-Pitre depuis février ;
  • Les urgences médicales peuvent être traitées au CHU, en partie sous des tentes ;
  • Les urgences chirurgicales sont traitées dans la clinique privée Les Eaux claires, à Baie-Mahault.

« L’urgence c’est de récupérer nos blocs », a confié le directeur du CHU Pierre Thépot à l’AFP, même si le CHU ne retrouvera pas sa capacité initiale : sur 12 blocs opératoires, seuls sept devraient être remis en service, parmi lesquels deux blocs mobiles, à l’extérieur du CHU.

Une plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui » a été déposée

Le 28 novembre 2017, une partie de l’hôpital est partie en fumée : la maternité, les urgences, la réanimation et 4 blocs opératoires ont été détruits.

Mille deux cents personnes ont été évacuées, parmi lesquelles 450 patients hospitalisés. Le feu s’est déclaré dans un local technique, près des urgences.

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, s’est rapidement rendue sur place. Une plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui » a été déposée par la direction de l’hôpital et un agent de l’hôpital qui a été grièvement intoxiqué : il était présent dans le local technique d’où est parti l’incendie.

Selon un rapport d’expertise judiciaire, le sinistre serait d’origine humaine, dû à « un mégot », a précisé Xavier Bonhomme, procureur de la République de Pointe-à-Pitre. Les investigations se poursuivent.