Ce qu’il faut retenir de l’empoisonnement de l’ex-espion russe et de sa fille
Ce qu’il faut retenir de l’empoisonnement de l’ex-espion russe et de sa fille
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Londres a promis une « panoplie » de sanctions, notamment d’ordre économique, si le Kremlin n’apporte pas de réponse satisfaisante sur l’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille, Ioulia, d’ici mardi minuit.
L’essentiel
- Sergueï Skripal et sa fille Ioulia ont été hospitalisés le 4 mars « dans un état critique » à Salisbury dans le sud de l’Angleterre, après avoir été retrouvés inconscients sur un banc.
- La police antiterroriste britannique, saisie de l’enquête, déclare que les deux victimes ont été empoisonnées à l’aide d’un agent neurotoxique.
- Le 12 mars, Theresa May affirme qu’il est « très probable » que la Russie soit à l’origine de l’attaque et lui demande des explications d’ici mardi 13 mars à minuit.
- Le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, qualifie de « propagande » les accusations de Londres.
Un policier britannique à proximité d’un automate de paiement sur un parking, non loin de l’endroit où Sergueï Skripal et sa fille, Ioulia, ont été retrouvés. / HENRY NICHOLLS / REUTERS
Une relation dégradée avec Moscou
Cet empoisonnement est le dernier épisode qui met à mal une relation déjà dégradée entre Londres et Moscou. L’enquête sur la morte d’Alexandre Litvinenko avait conclu que celui-ci a été empoisonné lors d’une opération des services secrets russes « probablement approuvée par le président Poutine » selon la justice britannique. Au cours des derniers mois, les multiples approches d’avions ou navires russes dans les eaux territoriales britanniques ont conduit Londres à durcir le ton face au Kremlin. Plusieurs députés britanniques ont dénoncé des « ingérences » russes, via les réseaux sociaux, dans la campagne du référendum sur le Brexit. Londres a déclaré la Russie « responsable de la cyberattaque destructrice NotPetya », en juin 2017, qui avait notamment affecté le numéro un mondial de la publicité, le groupe britannique WPP.
Le chiffre
Nombre – minimum – de morts suspectes d’exilés russes installés à Londres : Alexandre Litvinenko meurt le 23 novembre 2006 après trois semaines d’agonie à la suite d’un empoisonnement au polonium 210 ; celle d’Alexandre Perepilitchni passe pour naturelle mais des analyses révèlent la présence dans son organisme d’une molécule associée au gelsemium, une plante toxique venue d’Asie. L’ex-oligarque russe Boris Berezovski est retrouvé pendu en mars 2013 dans sa résidence près de Londres. Sa mort est considérée comme « inexpliquée » par la police britannique. Pour BuzzFeed, les services américains estiment à 14 le nombre de morts suspectes liées à la Russie.
La citation
« L’information récente selon laquelle deux personnes sont tombées gravement malades au Royaume-Uni à la suite d’une exposition à un agent innervant est vivement préoccupante », a déclaré Ahmet Uzümcü, directeur général de l’OIAC.
Escalade
Donald Trump affirme mardi que les Etats-Unis sont « sans réserve » avec la Grande-Bretagne. Emmanuel Macron condamne une « attaque inacceptable ». La chancelière allemande Angela Merkel déclare prendre « extrêmement au sérieux » les accusations de Londres contre Moscou.
L’autorité britannique de régulation des médias, Ofcom, annonce que le réseau russe d’information continue Russia Today (RT) pourrait perdre ses licences au Royaume-Uni si le gouvernement de Theresa May détermine que Moscou est responsable de l’empoisonnement. Maria Zakharova, porte-parole du ministère des affaires étrangères russe, prévient que Moscou n’autoriserait plus aucun média britannique à opérer en Russie si RT perdait ses licences. Elle ajoute qu’aucun pays ne devrait menacer une puissance nucléaire.
Pour aller plus loin
- Soupçons d’empoisonnement d’un ex-espion russe en Angleterre
- Ex-espion empoisonné : la crise s’envenime entre la Russie et le Royaume-Uni
- L’empoisonnement de Sergueï Skripal ravive le spectre du « laboratoire des poisons » soviétique.
- Novitchok : un poison soviétique à l’histoire sulfureuse utilisé contre l’agent double russe