La ministre de la santé, Agnès Buzyn, lors d’une conférence de presse sur l’extension de la vaccination, le 5 janvier 2018 à Paris. / ALAIN JOCARD / AFP

L’épidémie de rougeole sévissant en Europe s’étend en France de manière alarmante. Après quelques cas isolés en novembre 2017, c’est l’apparition de 200 cas en Nouvelle-Aquitaine au mois de décembre, dont beaucoup s’étaient déclarés dans les campus bordelais, qui a attiré l’attention des autorités sanitaires.

Depuis novembre, 913 cas ont été recensés, dont plus de 500 pour le mois écoulé, a alerté mercredi 14 mars la direction générale de la santé. Les cas ont été observés dans 59 départements depuis le 6 novembre. Le 14 février, les autorités sanitaires avaient fait état de 387 cas depuis le 1er novembre. Au total, 201 hospitalisations et un décès au CHU de Poitiers le 10 février ont été relevés.

« Alors que, dans les deux derniers mois de 2017, 75 % des infectés concernaient la Nouvelle-Aquitaine, il ne s’agit que de 47 % des nouveaux cas apparus en 2018 », a expliqué le docteur Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l’unité des infections respiratoires et des vaccinations à Santé publique France.

Une deuxième dose « nécessaire »

Le principal responsable de cette épidémie est le trop faible taux de couverture vaccinale sur le territoire, en deçà des 95 % nécessaires pour éradiquer la maladie. Selon les chiffres de Santé publique France, la couverture pour la seconde dose du vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole) oscille entre 62 % et 88 %. Une carence qui concernerait potentiellement 1 million de Français.

« Cette deuxième dose est nécessaire à l’élimination de la maladie car entre 7 % et 8 % des enfants ne réagissent pas à l’administration du premier vaccin », a rappelé le docteur Lévy-Bruhl. Le vaccin ROR, jusque-là recommandé, fait désormais partie des 11 vaccins obligatoires depuis le 1er janvier.

Pour endiguer la propagation, Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, a recommandé à chacun de vérifier son statut vaccinal et celui des membres de son entourage, avec une attention particulière pour les enfants en bas âge, les femmes enceintes et plus généralement les personnes nées après 1980. Le vaccin ROR ayant été introduit dans le calendrier vaccinal français en 1983, des études ont en effet démontré que les personnes nées avant cette date ont toutes eu la rougeole, sauf très rares exceptions ; elles ont donc développé une immunité qui rend caduque la vaccination.

Le spectre d’une épidémie comparable à ce que la France avait connu entre 2008 et 2012 inquiète les autorités : 24 000 Français avaient été touchés, dont 15 000 rien qu’en 2011, provoquant 20 décès.