En Egypte, la censure provoque l’annulation d’une pièce de théâtre
En Egypte, la censure provoque l’annulation d’une pièce de théâtre
Le Monde.fr avec AFP
Le metteur en scène, Ahmad Attar, a estimé que l’œuvre ne pouvait être représentée sans cinq scènes coupées par les autorités.
Les représentations d’une pièce de théâtre qui devaient débuter dimanche 18 mars dans le cadre du Downtown Contemporary Arts Festival (D-CAF) ont été annulées à cause de la censure, a annoncé le festival, important événement artistique qui se tient au Caire depuis 2012. « La troupe Al-Mabad et D-CAF ont le regret d’annoncer que les représentations prévues dimanche et lundi [de la pièce] Avant la révolution, du metteur en scène Ahmad Attar, ont été annulées », a indiqué D-CAF sur Facebook.
Les autorités de la censure ont exigé la suppression de cinq scènes de la pièce, a souligné le festival. Le metteur en scène a jugé que « cela nuirait à la construction dramatique et à l’œuvre entière et la viderait de son contenu », selon le communiqué. Il a ainsi estimé que la pièce, qui évoque l’Egypte d’avant la révolution de 2011, ne pouvait être représentée sans ces scènes.
Des libertés de plus en plus étouffées
La troupe a demandé à la censure de réexaminer sa décision lundi 19 mars en formant une nouvelle commission de visionnage, et exprimé l’espoir que la pièce puisse être autorisée telle quelle et représentée à partir du lendemain. L’annulation du spectacle survient à un moment où les libertés sont de plus en plus étouffées en Egypte, à moins de dix jours du début de l’élection présidentielle, prévue du 26 au 28 mars.
Le président Abdel Fattah Al-Sissi, candidat à sa propre succession, est régulièrement accusé de réprimer les voix dissidentes et de cibler notamment la presse. En pleine campagne électorale – officiellement lancée le 24 février –, sans réelle concurrence et avec un chef de l’Etat omniprésent, l’étau semble se resserrer.
L’Egypte occupe la 161e place (sur 180 pays) au classement mondial 2017 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Au moins 29 journalistes sont emprisonnés dans le pays selon l’ONG.