C’est comme le retour des hirondelles au printemps. Chaque année, depuis 2014, Bertrand Delanoë quitte Bizerte et la Tunisie pour des retrouvailles parisiennes avec ses anciens collaborateurs à l’hôtel de ville entre 2001 et 2014. Ils étaient une centaine autour de lui, mardi 20 mars, réunis à l’Entrepôt, une salle de spectacle du 14e arrondissement. « Un rendez-vous purement amical pour évoquer le bon vieux temps », selon Gaspard Gantzer, longtemps porte-parole de M. Delanoë avant de devenir le conseiller en communication de François Hollande, à l’Elysée.

Deux anciens directeurs du cabinet de l’ex-maire de Paris – Nicolas Revel, actuel patron de la Caisse nationale d’assurance-maladie et Mathias Vicherat, directeur général adjoint de la SNCF – coprésident « l’association des ex-collaborateurs » de M. Delanoë, une association à l’initiative de ces rencontres.

Parmi les membres du cercle, plusieurs sont devenus conseillers d’Emmanuel Macron, comme Anne de Bayser secrétaire générale adjointe à l’Elysée après avoir occupé cette fonction à la mairie de Paris. L’amicale delanoïste comprend aussi une kyrielle d’anciens hauts fonctionnaires de la ville restés dans les services municipaux ou devenus élus parisiens comme Emmanuel Grégoire, adjoint (PS) chargé des finances de la maire de Paris.

« Je ne veux pas être un donneur de leçons »

Dans un long discours qui lui a permis de faire l’apologie de l’amitié et des valeurs de la gauche, M. Delanoë, qui a soutenu M. Macron à la présidentielle, n’a donné aucun signe de sa volonté de vouloir revenir sur la scène politique nationale, confiant juste avoir adhéré à la CFDT. Il a par contre laissé entendre que l’actuel président, comme François Hollande par le passé, lui avait proposé d’entrer plusieurs fois au gouvernement. Des offres qu’il a refusées.

L’ancien maire a par contre longuement parlé de Paris, insistant sur sa fierté d’avoir permis à la gauche d’en détenir les clés. Mais à aucun moment, M. Delanoë n’a cité le nom d’Anne Hidalgo. Ni pour la critiquer, ni pour la soutenir. « Je ne veux pas être un donneur de leçons », a-t-il glissé alors que la maire de Paris traverse une période difficile. Un silence interprété par les invités comme une nouvelle preuve de la brouille durable entre les deux.

Mme Hidalgo avait en effet analysé le soutien de M. Delanoë à M. Macron comme un coup de pied de l’âne envers elle pour l’affaiblir à Paris. De son côté, il n’a pas toléré qu’elle puisse lui en faire le reproche. Certains amis communs rêveraient de les rapprocher. Pour « gagner la bataille de 2020 et renouer avec l’esprit de sa campagne en 2014, il faut qu’elle engage une grande réconciliation avec Bertrand et d’autres, comme Myriam El Khomri, estime un bon connaisseur de la scène politique parisienne. Je pense qu’elle y est prête. » Bertrand Delanoë est la première personne à qui elle a envoyé ses vœux, souligne l’entourage de Mme Hidalgo. Il lui a répondu. Mais nul ne sait ce qu’ils se sont souhaité.