L’application SAIP muette lors de la prise d’otages à Trèbes
L’application SAIP muette lors de la prise d’otages à Trèbes
L’application mobile, censée alerter ses utilisateurs en cas d’attentat, n’a pas été déclenchée à l’occasion de l’attaque perpétrée dans l’Aude.
L’application pour téléphone mobile SAIP (Système d’alerte et d’information des populations), destinée à diffuser une alerte notamment en cas d’attentat, n’a pas été déclenchée lors de la prise d’otages dans un supermarché de Trèbes, dans l’Aude, au cours de laquelle deux personnes ont été tuées, vendredi 23 mars.
Et à chaque fois la même question: à quoi sert ce truc?!? #SAIP https://t.co/40PaXcYmkP
— Mettout (@Eric Mettout)
Cette application mobile, développée après les attentats du 13 novembre 2015 en prévision de l’Euro de football, est censée afficher une alerte mobile lorsqu’un attentat est commis dans la zone où se trouve l’utilisateur, s’il a activé la géolocalisation et à l’initiative de la préfecture du département correspondant.
Contactée vendredi en fin d’après-midi, la préfecture de l’Aude n’était pas en mesure de dire si elle avait déclenché le mécanisme d’alerte. Elle a cependant utilisé son compte Twitter tout l’après-midi pour diffuser des messages d’alerte, demandant notamment aux riverains d’éviter la zone de la prise d’otages, un message qui pourrait avoir sa place dans l’application SAIP.
Deveryware, l’entreprise responsable du développement et du fonctionnement de cette dernière, n’a jusqu’ici pas donné suite aux sollicitations du Monde.
Une application déjà critiquée
L’application a déjà connu des dysfonctionnements. Le premier lors de l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016, où l’alerte avait mis plusieurs heures avant d’être envoyée.
Deux mois plus tard, l’application avait affiché une alerte alors qu’il s’agissait d’un canular.
S’il ne s’agit pas d’un couac, elle avait également été critiquée en avril 2017 : aucune alerte ne s’était affichée chez les utilisateurs parisiens de l’application alors qu’une fusillade avait lieu sur les Champs-Elysées. La préfecture avait, dans un second temps, expliqué qu’elle avait fait le choix de ne pas diffuser d’alerte par ce biais.
L’application avait été jugée « imparfaite » et « réalisée dans un calendrier trop contraint », dans un rapport sénatorial de juin 2017. Ce dernier regrettait que les systèmes d’alertes basés sur les réseaux téléphoniques, utilisés dans de nombreux pays, notamment les Etats-Unis, n’aient pas été privilégiés.