Carrefour : les syndicats lancent un appel à la grève pour la journée de samedi
Carrefour : les syndicats lancent un appel à la grève pour la journée de samedi
Le Monde.fr avec AFP
FO, la CFDT et la CGT dénoncent une dégradation du dialogue social, une baisse du pouvoir d’achat et la suppression de plusieurs milliers d’emplois.
Des supermarchés et hypermarchés bloqués ou fermés, des entrepôts à l’arrêt et des gondoles dégarnies : les syndicats de Carrefour entendent frapper fort face aux « attaques » de la direction. Ils ont lancé une « grève générale » samedi 31 mars, en plein week-end de Pâques.
« Exceptionnel » selon FO, voire inédit selon la CFDT, le mouvement qui s’annonce est à la mesure de la colère qui gronde parmi les salariés du géant de la grande distribution. De leur « inquiétude » aussi, dit la CGT. Il traduit également une très forte « dégradation » du dialogue social, dénoncée par tous les syndicats.
Une participation moyenne de 57 euros, contre 610 l’an dernier
Appelée par FO et la CFDT, et relayée séparément par la CGT, cette journée de grève aura pour mot d’ordre la défense des emplois et du pouvoir d’achat. Les syndicats dénoncent la suppression de milliers d’emplois, annoncée en janvier, le projet de passage en location gérance de plusieurs hypermarchés, les craintes sur l’avenir à long terme d’autres milliers d’emplois, ainsi que le « mépris » ressenti par les salariés face à une « aumône ».
L’annonce d’une participation moyenne de 57 euros, contre 610 l’an dernier, c’est « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », dit Sylvain Macé (CFDT). « L’ébullition » s’est manifestée bien avant samedi par des débrayages et manifestations spontanés dans des magasins et des plates-formes logistiques, souligne Michel Enguelz, représentant de FO, premier syndicat du groupe. « Consciente de l’impact de cette baisse sur le pouvoir d’achat », la direction a proposé de relever ce montant à 407 euros, via un complément forfaitaire d’intéressement de 350 euros. Sans désamorcer la fronde. Les actionnaires vont toucher, eux, 356 millions d’euros de dividendes, font valoir les syndicats qui anticipent aussi des négociations salariales au rabais.
Signe que le mécontentement touche aussi les cadres, considérés comme « la dernière roue du carrosse », leur syndicat, le SNEC CFE-CGC, s’il ne s’associe pas au mouvement de grève, les appelle à la « déconnexion totale » de 9 heures à 11 heures, vendredi, dans toutes les sociétés du groupe.
Méthode contestée des négociations autour du plan de transformation
Annonces par voie de presse avant d’en informer les représentants du personnel, négociations « à marche forcée », pas de réponses aux revendications formulées : les syndicats sont unanimes à s’élever contre la « méthode » depuis qu’Alexandre Bompard, qui a pris les rênes du groupe l’été dernier, a dévoilé, le 23 janvier, son « plan de transformation ».
Menées dans un calendrier très resserré, les négociations sur le plan de départs volontaires (PDV) qui vise les sièges du groupe (2 400 suppressions de postes sur 10 500) se sont achevées mercredi. Celles sur le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) accompagnant la fermeture de 273 magasins de proximité (ex-Dia) avec quelque 2 300 emplois supprimés devraient l’être jeudi.
Sur le PSE, M. Enguelz évoque quelques « avancées », sur la durée du congé de reclassement ou le budget formation. Même son de cloche à la CFDT, qui reste toutefois, comme la CGT, « très sceptique sur les capacités » du groupe à reclasser les salariés.
Si le plan de transformation « s’accompagne de mesures difficiles sur le volet social », il « vise à pérenniser l’activité de l’entreprise », fait valoir, de son côté, la direction.