Des pistes pour rendre toute la société davantage « apprenante »
Des pistes pour rendre toute la société davantage « apprenante »
Par Adrien de Tricornot
Créer des laboratoires pour inventer les nouveaux métiers et les formations qu’ils nécessitent, favoriser l’apprentissage par le numérique à l’université et tout au long de la vie : le rapport Taddei formule trente propositions.
Atelier lors de la conférence internationale « Vers une planète apprenante » organisée le 28 mars 2017 par le Centre de recherches interdisciplinaires et l’Institut Pasteur. / CRI Paris via Campus
Ouvrir des « tiers-lieux physiques et numériques pour faciliter les échanges de connaissances », organiser – comme à Singapour ou en Scandinavie – « une fête de “l’apprendre” pour célébrer tous les apprentissages », bâtir un « campus numérique » national pouvant fédérer les apports de chaque université… Telles sont quelques-unes des trente propositions du « Plan pour co-construire une société apprenante », remis au gouvernement par François Taddei, directeur du Centre de recherches interdisiciplinaires (CRI), mercredi 14 avril.
Le rapport préconise notamment de créer des « labs des métiers de demain » implantés « dans quelques branches professionnelles, par exemple au sein des pôles de compétitivité, des universités ou des Campus des métiers et des qualifications ». Salariés du public et du privé, apprentis, demandeurs d’emploi, étudiants… Ces laboratoires « ouverts à tous » permettraient aux « volontaires de co-construire ensemble les évolutions des métiers et des formations correspondantes ».
Il dessine ainsi un projet de formation tout au long de la vie fondé sur des outils en ligne, et qui s’appuierait sur la mise en place progressive d’un « service public de la société apprenante » :
« A terme, grâce à la mutualisation de la production de ressources éducatives libres par les acteurs qui doivent être rémunérés pour la production de nouveaux biens communs, on doit pouvoir offrir une couverture de tous les diplômes disponibles à tous les niveaux de formation pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de reprendre leurs études ou de les prolonger. »
Chaque citoyen disposerait aussi d’un numéro d’apprenant et d’un carnet qui permettrait d’obtenir des « open badges » (certification en ligne), facilitant la Validation des acquis de l’expérience (VAE).
Des parcours personnalisés à l’université
Mais ces ressources seraient d’autant plus utiles qu’« en France, l’évolution démographique plaide pour le développement de cours en ligne à l’université, sans bien sûr qu’il s’agisse pour autant de remplacer intégralement les cours en présentiel. Le blended learning, qui mêle numérique et présentiel, est connu pour faciliter les apprentissages », dit le rapport.
Pour favoriser la réussite en licence, il recommande aussi de proposer « des parcours plus personnalisés et donc mieux adaptées à la diversité des profils, des motivations » : de nouveaux cursus universitaires intégrant des dispositifs pédagogiques innovants. « Cette personnalisation pourra s’appuyer sur une combinaison, adaptée à chacun, de mentorat (accompagnement et tutorat), de stages, de pédagogie de projet, d’engagement étudiant, de contenus numériques, de cours, de MOOC (cours en ligne), de portfolios (dossier retraçant les acquis et les compétences), de suppléments aux diplômes, de carnets de l’apprenant, d’open badges ou de VAE réinventée ».
Ce rapport propose enfin de déployer toutes ces démarches à l’international, en créant notamment « un équivalent du GIEC pour les intelligences, les apprentissages et les compétences » ou en mobilisant le programme Erasmus.
Remis aux ministres Jean-Michel Blanquer (éducation nationale), Muriel Pénicaud (travail) et Frédérique Vidal (enseignement supérieur), ce texte décline des propositions concrètes dans la lignée du rapport « Vers une société apprenante », rendu en avril 2017 par Catherine Becchetti-Bizot, Guillaume Houzel et François Taddei.