Cinq œuvres pour redécouvrir Isao Takahata
Cinq œuvres pour redécouvrir Isao Takahata
Au cours d’une carrière de plus de cinquante ans, le réalisateur de films d’animation japonais, mort jeudi, laisse en héritage plusieurs chefs-d’œuvre.
Le Japon a perdu l’un de ses plus grands réalisateurs d’animes. Isao Takahata est mort jeudi 5 avril à 82 ans. Ami et rival d’Hayao Miyazaki, et cofondateur du prestigieux studio Ghibli, ce pacifiste mais aussi défenseur d’un cinéma d’animation exigeant, laisse derrière lui des œuvres remarquables. Voici cinq longs-métrages et séries pour retracer sa carrière.
« Le Tombeau des lucioles » (1988)
Le tombeau des lucioles en Blu-ray
Durée : 01:01
C’est le grand chef-d’œuvre et probablement le film le plus connu d’Isao Takahata. Sorti en 1988 au Japon et presque vingt ans plus tard en France, Le Tombeau des lucioles raconte comment un jeune garçon et sa petite sœur doivent survivre en plein cœur de la seconde guerre mondiale, après que leur mère a été tuée dans un bombardement de l’armée américaine.
Adaptation du récit autobiographique d’Akiyuki Nosaka, le long-métrage frappe le spectateur par son réalisme. « Ce n’est pas parce que c’est un film d’animation qu’il doit épargner les spectateurs, même les plus jeunes : ils doivent prendre conscience de la réalité. Personne ne me l’a reproché au Japon », expliquait le réalisateur dans une interview en 1995 dans le magazine Positif.
« Mes voisins les Yamada » (1999)
Mes voisins les Yamada ( bande annonce VOST )
Durée : 01:49
Le huitième long-métrage d’Isao Takahata, sorti en 1999 au Japon et deux ans plus tard en France, tranche avec le style habituel du studio Ghibli. Mes voisins les Yamada raconte l’histoire d’une famille japonaise typique, sous forme de petites saynètes qui découpent le film. Avec humour et poésie, il dépeint le quotidien de ces personnages adorables, de la grand-mère rigolarde à la fillette malicieuse, en passant par le père costume-cravate ou le chien grognon.
Loin de certains Ghibli esthétiquement très léchés, le dessin de Mes voisins les Yamada se veut minimaliste, comme esquissé d’un rapide coup de crayon et de taches d’aquarelle mis en mouvement. C’est qu’il s’agit, en fait, de l’adaptation d’un manga de Hisaichi Ishii, publié au début des années 1990 dans le grand quotidien japonais Asahi Shinbun, sous forme de petits strips. Initialement intitulée Mes voisins les Yamada, la série a finalement été renommée Nono-chan, en référence à la petite fille, qui a gagné en popularité au fil des publications. En France, l’intégrale est disponible chez Delcourt depuis 2009 sous le titre Mes voisins les Yamada.
« Horus, prince du soleil » (1968)
Ce long-métrage des studios Toei sorti en 1968 représente la toute première collaboration entre Hayao Miyazaki et Isao Takahata, qui ouvrira une complicité de plus de cinquante ans.
Horus est un jeune garçon qui vit avec son père à l’écart des villages sans cesse attaqués par des loups. Au gré de ses jeux, il déniche une épée et la rapporte à son père mourant qui la reconnaît : c’est l’épée du soleil. Avant de rendre son dernier souffle, celui-ci lui confie la tâche de délivrer les humains d’un monstre qui terrorise le pays.
Si cette réalisation n’est pas aussi aboutie que celles qui vont suivre dans les années 1980, elle marque en revanche l’histoire de la Toei et de l’animation. Les concepteurs d’Horus ont eu maille à convaincre la Toei, dont le cœur d’activité était de produire des dessins animés destinés aux seuls enfants, de prendre plus de libertés pour imaginer un film moins manichéen, plus psychologique, exigeant et mature.
« Heidi » (1974)
Heidi générique français Isao Takahata 1974
Durée : 01:19
Ses montagnes, ses chèvres, son petit village charmant et son générique sautillant… La première série d’animation réalisée par Isao Takahata est bien connue en France. Heidi, un dessin animé pour enfants de 52 épisodes, a été diffusé sur TF1 à partir de 1978. Il raconte l’histoire d’une petite orpheline de cinq ans, confiée par sa tante à son grand-père, un homme bourru, au passé mystérieux, installé dans un chalet au cœur des Alpes suisses.
Sortie quatre ans plus tôt au Japon, cette série animée compte aussi au générique Hayao Miyazaki, qui a participé au scénario et l’animation. Il s’agit de l’adaptation de l’œuvre de l’auteure suisse Johanna Spyri. Le dessin animé Heidi fait partie d’un vaste programme lancé à l’époque par le studio Nippon Animation, consistant à adapter de grands classiques de la littérature pour enfants. Princesse Sarah, Les Aventures de Tom Sawyer ou encore Les Quatre Filles du docteur March en ont, par exemple, fait partie. Heidi connaîtra un énorme succès, qui attire encore des touristes japonais dans les Alpes suisses.
« Le Conte de la princesse Kaguya » (2013)
Le Conte de la princesse Kaguya - Bande-annonce
Durée : 01:29
La princesse Kaguya est le personnage du Conte du coupeur de bambou, l’un des récits folkloriques les plus anciens de l’archipel et source d’inspiration pour de nombreux mangas à l’instar de Sailor Moon. Connu de tous les enfants japonais, il raconte comment un couple découvre au creux d’une pousse de bambou une enfant minuscule venue de la lune et décide de l’adopter. La fillette grandit très vite et devient une femme d’une grande beauté qui éconduit de nombreux prétendants, préférant rester vivre dans la nature.
Tandis que, la même année, Hayao Miyazaki s’attelle à la réalisation du Vent se lève, son compère et rival Isao Takahata, plus de dix ans après son dernier film se penche sur un patrimoine national. Connu comme le réalisateur qui ne sait pas dessiner, M. Takahata brille ici par sa mise en scène. Le recours à différentes techniques comme l’aquarelle et le fusain offrent à ce récit un cachet époustouflant, qui conduit le film a être nommé aux Oscars en 2015.