Mobilisation historique pour les législatives hongroises
Mobilisation historique pour les législatives hongroises
Par Blaise Gauquelin (Budapest, envoyé spécial)
Le taux de participation enregistré à 15 heures était nettement plus élevé qu’il y a quatre ans.
Dans toute la Hongrie, des files d’attente impressionnantes se sont formées devant les bureaux de vote. Alors que le premier ministre souverainiste Viktor Orban doit son pouvoir sans partage aux forts taux d’abstention de 2010 et de 2014, cette année, les électeurs se sont apparemment donné le mot pour se diriger vers les urnes.
À quinze heures, le taux de participation atteignait un niveau historique de 53,64 %, contre 46,78 % quatre ans plus tôt.
Dans un paysage politique très polarisé par l’action menée au niveau gouvernemental, les électeurs de deux camps bien distincts se côtoient sur les trottoirs, pour des élections ressemblant plus à un référendum qu’à des législatives, la question cruciale semblant être : « pour ou contre un troisième mandat de Viktor Orban ? »
« Nous n’allons pas renoncer à notre conscience nationale »
Dans les rangs des fans du premier ministre sortant, on compte beaucoup de personnes âgées, comme Jozsef Kupavits, un architecte à la retraite de 75 ans, pour qui le Fidesz, le parti de M. Orban, reste le « seul à pouvoir mener le pays ». Cet électeur évoque de bons résultats, obtenus par la majorité, concernant l’économie.
« Quoi qu’on nous dise, nous n’allons pas renoncer à notre conscience nationale », répond-il en évoquant les critiques émises par les Nations unies, suite à la campagne xénophobe menée par les souverainistes entourant le chef de l’exécutif.
« Tous ces bruits qui courent sur l’argent soi-disant volé, ce sont des mensonges de l’opposition », affirme-t-il également, avant de se rendre dans son bureau de vote, situé dans le sixième arrondissement de la capitale, Budapest.
« Je vais voter pour n’importe qui contre Viktor Orban »
Autour de lui, beaucoup de jeunes Hongrois affirment au contraire qu’il est de leur devoir de faire la queue pendant au moins une heure et demie, afin de « participer au changement ». « Il y a de graves problèmes non résolus dans notre système éducatif, explique par exemple Istvan Denes. Allez aux urgences dans les hôpitaux et vous verrez l’état réel dans lequel se trouve notre pays ! Je vais voter pour n’importe qui contre Viktor Orban, qui ne fait que gaspiller l’argent public dans des choses qui n’ont aucun sens. Les infrastructures pour le football par exemple ; elles sont disproportionnées. C’est devenu le symbole de la corruption ! »
Vingt-trois partis sont officiellement enregistrés et 1 547 candidats se présentent dans tout le pays.
Imre, qui n’a pas voulu donner son nom de famille, habite quand à lui dans l’est de la Hongrie. Mais il va voter à Budapest, comme la loi l’y autorise. Il estime que le Fidesz est allé bien trop loin dans sa dénonciation de l’Union européenne et des réfugiés.
« Chrétiens, juifs, musulmans, ce n’est pas possible de respecter tout le monde ? », se demande ce jeune homme, qui compte plébisciter le petit parti Momentum, notamment dans le but d’exprimer ses valeurs proeuropéennes.
La forte participation pourrait retarder l’annonce des résultats du scrutin, pour l’instant prévue vers minuit. Car tout électeur se présentant avant 19 heures doit pouvoir glisser son bulletin dans l’urne et les premières estimations ne doivent être dévoilées qu’à la fermeture du dernier bureau de vote.