Syrie : les bombardements se poursuivent sur Douma, au lendemain d’une attaque chimique présumée
Syrie : les bombardements se poursuivent sur Douma, au lendemain d’une attaque chimique présumée
Le Monde.fr avec AFP
Les bombardements ont fait au moins 80 morts depuis vendredi, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Vue de Douma sous les bombardements aériens. / STRINGER / AFP
Le régime syrien a repris ses raids aériens sur Douma, dans la Ghouta orientale, rapporte dimanche 8 avril l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au lendemain d’une attaque chimique présumée.
Les bombardements, qui visent pour la troisième journée consécutive les habitants de la dernière poche de résistance rebelle près de Damas, ont fait au moins 80 morts depuis vendredi, estime l’OSDH, qui dispose d’un vaste réseau de sources sur le terrain.
Plusieurs voix se sont élevées dimanche pour dénoncer l’usage d’armes chimiques par le régime Assad. Le pape François a estimé devant des milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre que « rien, rien ne peut justifier l’usage de tels instuments d’extermination contre des personnes et des populations sans défense ». « Des nouvelles terribles nous parviennent de la Syrie avec des dizaines de victimes, dont beaucoup de femmes et d’enfants (...) tant de personnes frappées par les effets des substances chimiques contenues dans les bombes », s’est élevé le souverain pontife.
Le département d’Etat américain a estimé que « ces informations, si elles sont confirmées, sont effroyables et exigent une réponse immédiate de la communauté internationale ». La Grande-Bretagne a appelé « à une enquête urgente ». « Si ces informations sont correctes, elles seraient une preuve supplémentaire de la brutalité d’Assad contre des civils innocents et du mépris de ses soutiens pour le droit international », ont estimé les affaires étrangères.
Moscou, allié du régime syrien, a de son côté « démenti fermement cette information ».
Le régime Assad a été maintes fois accusé de lancer des attaque au gaz sur des régions rebelles, ce qu’il a toujours nié.
Au moins 40 morts samedi
Selon les rebelles de Jaich Al-Islam, qui contrôlent la Douma, les forces gouvernementales ont eu recours samedi à des armes chimiques contre des civils. Les casques blancs, ces secouristes qui opèrent en zones rebelles en Syrie, ont aussi accusé le régime d’avoir eu recours à des « gaz toxiques » à Douma et donné, sur leur compte Twitter, des bilans contradictoires, évoquant entre 40 et 70 morts.
Dans un communiqué commun avec l’ONG médicale SAMS (Syrian American Medical Society), ils ont, en outre, fait état de « plus de 500 cas, en majorité des femmes et des enfants », qui présentent « les symptômes d’une exposition à un agent chimique ».
Les patients souffrent de « difficultés respiratoires, de brûlures de la cornée ; une mousse excessive s’échappe de leur bouche et ils dégageaient une odeur semblable à celle du chlore », selon le texte.
Détermination du régime
Vue du ciel, la région syrienne de la Ghouta orientale est un immense champ de ruines
Durée : 01:19
Plus que jamais, le régime est déterminé à reconquérir toute la Ghouta. Grâce à l’appui militaire de Moscou, il contrôle déjà plus de la moitié du pays, ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 350 000 morts.
Les forces gouvernementales ont déjà reconquis 95 % de l’enclave rebelle, à la faveur d’un pilonnage meurtrier initié le 18 février mais aussi d’accords d’évacuation parrainés par la Russie. Quelque 1 600 civils ont péri dans cette offensive.