TV – « Maurice Béjart, l’âme de la danse »
TV – « Maurice Béjart, l’âme de la danse »
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. Un portrait du chorégraphe français, par le biais d’archives rares et d’entretiens avec ses danseurs (sur Arte à 23 h 35).
Maurice Béjart au Festival d'Avignon (1966)
Durée : 10:37
Maurice Béjart (1927-2007) était le chorégraphe de son époque le plus connu du grand public francophone. Son passage au « Grand Echiquier », en mai 1980, l’émission de Jacques Chancel, l’avait fait mieux découvrir encore en France. Mais Béjart et son regard bleu acier étaient déjà familiers pour le public depuis 1967, date à laquelle il crée le ballet Messe pour le temps présent (musique de Pierre Henry), que Jean Vilar lui avait demandé pour le Festival d’Avignon.
Pourtant, ainsi que le rappelle l’excellent documentaire écrit par Henri de Gerlache, Maurice Béjart, l’âme de la danse – diffusé sur Arte dimanche 8 avril – la France l’avait peu encouragé. Petit et « bas de cul », comme dit son cousin, le fils du philosophe Gaston Berger est montré comme l’exemple à ne pas suivre par ses professeurs.
Il tient bon et, sans aide publique, fonde sa propre compagnie. En 1955, il crée l’événement avec Symphonie pour un homme seul, pièce de musique concrète de Pierre Henry et Pierre Schaeffer. Béjart développe un langage incarné, sensuel, érotique et même ouvertement sexuel.
Un homme complexe
En 1959, le directeur du Théâtre de La Monnaie de Bruxelles, Maurice Huisman, lui demande de chorégraphier Le Sacre du printemps, de Stravinsky. L’année suivante, le Ballet du XXe siècle est fondé et s’installe en résidence dans l’institution. A Bruxelles, Béjart ouvrira aussi, en 1970, l’école Mudra (« geste » en sanskrit), que fréquenteront tant de chorégraphes importants d’aujourd’hui.
Gerard Mortier – le successeur de Huisman à La Monnaie, en 1981 – et Béjart ne s’entendent pas. Le chorégraphe quitte les lieux six ans plus tard. La France est prête à l’accueillir mais il préfère la Suisse et fonde le Béjart Ballet Lausanne.
Ce film fait intervenir des anciens danseurs et collaborateurs de Béjart. Tous décrivent assez subtilement la complexité de cet homme, qui disait : « La seule continuité que j’ai avec moi-même, c’est que je cherche toujours. »
De nombreux extraits d’archives apportent une solide et utile documentation à ce documentaire de plus d’une heure à propos de celui qui, en conclusion, est si joliment qualifié d’« écrivain du geste ».
Maurice Béjart, l’âme de la danse, d’Henri de Gerlache et Jean de Garrigues (Fr.-Sui.-Belg., 2017, 65mn).