TV – « Casque d’Or, la vraie »
TV – « Casque d’Or, la vraie »
Par Alain Constant
A voir aussi ce soir. Retraçant le parcours d’Amélie Hélie, ce documentaire nous plonge dans le Paris miséreux de la fin du XIXe et du début du XXe siècle (sur Histoire à 20 h 40).
Casque d'or, la vraie (extrait)
Durée : 01:27
Dans l’imaginaire collectif, Casque d’or a les traits troublants de Simone Signoret. En 1952, l’actrice incarne, aux côtés notamment de Serge Reggiani, Claude Dauphin et Raymond Bussières, une prostituée de la soi-disante Belle Epoque, devenue célèbre à la suite d’un fait divers sanglant. Dans la réalité, Amélie Hélie alias « Casque d’or » avait, si l’on en juge les photographies d’alors, les traits moins agréables que la jeune Signoret. Et son parcours fut moins confortable que celui mythifié par Jacques Becker à l’écran.
Ce documentaire riche de formidables archives sonores, de dessins animés, d’extraits de films des années 1920 et 1930, de croquis, de coupures de presse et de nombreux extraits de lettres signées d’Amélie Hélie, retrace la vraie vie de « Casque d’or ». Et, à travers elle, il permet de plonger avec plaisir dans un Paris inquiétant : celui miséreux de la fin du XIXe et du début du XXe siècle qui, des Boulevards aux fortifs, de Charonne à Belleville, voit se mêler prostituées, voyous armés, enfants en haillons et flics sans pitié.
Côté Est de Paris, des mineures couchent dès l’âge de 12 ans pour quelques sous et l’on tue pour un rien. Quartier insalubre dans lequel un enfant de 10 ans a sept fois moins de chance de rester en vie qu’un gamin des beaux quartiers, le 11e arrondissement fournit le contingent le plus important de prostituées parisiennes : une sur dix vient de ce coin de la capitale.
Amélie Hélie alias « Casque d’or ». | HISTOIRE
La seule chance pour Amélie de survivre à la misère ? Vendre ses charmes. « Ma bouche est sensuelle, elle connaît les chatteries savantes ! » écrit-elle. Au Moulin de la Galette, entre une polka et une java, la toute jeune fille rencontre son « petit matelot ». Elle le quitte à 14 ans et demi pour suivre La Belle Hélène qui va lui faire découvrir tous les bals à la mode des bas-fonds. C’est dans un établissement peu recommandable de la rue de la Roquette qu’elle rencontre Bouchon, alias François Leca. Bon amant, ce séduisant vaurien de Charonne, la protège contre les clients déséquilibrés et les flics. En échange, elle lui donne une partie de l’argent de ses clients bourgeois. « J’en ai vu de toutes les couleurs sur le ruban ! J’en ai rencontré des brutes, des malades, des farceurs…. »
Lorsque Bouchon devient violent, elle s’enfuit. Dans un autre quartier, Amélie est abordée par un joli garçon de 20 ans, Joseph Manda (interprété par Reggiani dans le film de Becker). Ce sera l’autre amour de sa vie. Mais avec le temps, Manda devient chef de bande et la délaisse. Et, voilà que Leca revient dans la danse. La fin de l’histoire ? Une haine féroce entre les deux voyous chers au cœur de « Casque d’or », une attaque meurtrière en plein Paris qui, en janvier 1902, fait la « une » d’une presse déchaînée. Leca et Manda sont condamnés au bagne.
Devenue célèbre, Amélie Hélie sert de modèle pour un peintre, le journaliste Henri Frémont écrit Mes jours et mes nuits, mémoires de Casque d’Or. Mais la bonne société est scandalisée et le préfet de police Lépine va mettre un terme à cette notoriété. « Casque d’or » retrouve le bordel, avant de terminer sa vie comme marchande foraine en bonneterie.
Casque d’or, la vraie, d’Alexandre Dupouy (France, 2015, 60 min).