TV – « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil »
TV – « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil »
Par Alain Constant
A voir aussi ce soir. L’acteur et réalisateur dressait, en 1972, un tableau férocement drôle et prémonitoire du paysage audiovisuel français (sur Ciné+ Classic à 20 h 45).
Jean Yanne - 1972 - Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil
Durée : 01:35
Stupidité des programmes proposés à l’antenne, brutalité des relations entre employeurs et employés, pressions politiques sur les dirigeants d’une grande station de radio, poids de la publicité, conformisme ambiant, hypocrisie générale, tout y est. En 1972, Jean Yanne (1933-2003) signe, avec Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, son premier long-métrage, qui se révélera, et de loin, le meilleur de sa filmographie en tant que réalisateur. Bien plus efficace et percutant que les pochades bâclées qui suivront, du type Les Chinois à Paris, Chobizenesse, Je te tiens, tu me tiens par la barbichette ou Liberté, égalité, choucroute.
En imaginant le quotidien d’une grande station commerciale, Radio plus, Jean Yanne dresse un tableau aussi féroce que crédible du paysage audiovisuel français du début des années 1970. Mieux : il préfigure ce que deviendront certains grands médias audiovisuels dans les décennies à venir.
Un humour incisif
Il faut dire que cet acteur, amuseur, mais aussi chroniqueur à la radio et à la télévision, connaît parfaitement les coulisses du PAF ainsi que les faiblesses humaines. Avec son coscénariste, Gérard Sire, il réussit un film incisif, aidé par une distribution de haut niveau. La bande de copains réunie ici a de quoi faire rêver : Bernard Blier incarne un détestable affairiste à la tête de la station ; Jacques François, veule à souhait, est un directeur de programmes gluant ; Michel Serrault, l’intello qui vit de subventions publiques, Daniel Prévost, animateur prêt à tout pour garder son poste, et Marina Vlady, lumineuse épouse du boss, sont aussi de la partie.
Tout comme Yanne, qui, avec son sourire de « je-m’en-foutiste », incarne Gerber, journaliste de Radio plus mis au placard avant d’être nommé superviseur des programmes. Effaré par la nullité des émissions, il quitte la station, avant de revenir aux commandes, dans la peau d’un patron aux idées neuves. En clair : tenter l’expérience d’une station sans langue de bois ni publicité. La musique, omniprésente, fait partie du spectacle, les séquences de quasi-comédies musicales aussi. Et si, comme souvent chez Yanne, la réalisation est un concept plutôt flou, le plaisir que procure ce film reste intact.
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, de Jean Yanne (Fr., 1972, 100 min).