A Séoul, en 2009. / Jo Yong hak / REUTERS

Les « C » croisés de Chanel n’ont guère l’habitude de s’afficher loin des podiums du luxe. Ils étaient pourtant bien visibles, samedi 14 avril, sur le parvis de la gare de Séoul, où quelque 300 employés des points de ventes sud-coréens du groupe français ont protesté contre leurs conditions de travail. Des journées de dix à douze heures, de rares repos, des obligations vestimentaires – notamment celle de porter des talons hauts –, à l’origine de problèmes de santé. Et des rémunérations qui, d’après la représentante syndicale Kim So-yeon, resteraient inférieures au minimum légal pour 70 % de cette catégorie de personnel.

La manifestation suit d’autres initiatives comme celle, en place depuis le 6 avril, qui voit les vendeurs ne plus porter l’uniforme réglementaire. Travaillant en jeans et baskets, ils ont revêtu des tee-shirts expliquant leur action. « C’est le seul moyen d’attirer l’attention sur notre lutte », expliquait une employée, le 11 avril, au quotidien Chosun. « Il y a toujours une excuse pour reporter les négociations. On nous dit notamment que la personne responsable est en voyage d’affaires », déplore Mme Kim.

Un problème qui n’est pas nouveau

Le problème des conditions de travail dans le luxe n’est pas nouveau en Corée du Sud. Le mouvement « montre la réalité des conditions du secteur », déplore la Confédération des travailleurs des services KFSWU.

En octobre 2017, les vendeurs de Chanel avaient présenté leurs revendications lors d’une audition à l’Assemblée nationale, aux côtés de salariés de Bluebell Korea, le distributeur notamment de Céline, Dior et Bally. En janvier, le personnel du groupe ELCA, chargé des produits Estée Lauder ou L’Oréal, avait protesté pour des motifs similaires. Dans ces cas, des négociations auraient permis d’améliorer la situation.

Chanel Korea, qui a augmenté ses prix de 2,4 % en janvier, « dans le cadre de sa politique mondiale », se dit « pleinement engagée dans l’amélioration de l’environnement de travail des employés » et affirme être parvenue partiellement à « un consensus sur une augmentation du taux de rémunération » pour les salaires de base et poursuivre les négociations pour les cadres.