Mobilité des œuvres d’art : deux commissaires généraux pour établir un « catalogue des désirs »
Mobilité des œuvres d’art : deux commissaires généraux pour établir un « catalogue des désirs »
Par Sandrine Blanchard
La ministre de la culture, Françoise Nyssen, a confié à Olivia Voisin et Sylvain Amic l’élaboration d’une exposition itinérante de chefs-d’œuvre.
La ministre de la culture, Françoise Nyssen, à la sortie du conseil des ministres à l’Elysée, à Paris, le 11 avril 2018. / LUDOVIC MARIN/AFP
A défaut de parvenir à déplacer la Joconde, Françoise Nyssen entend bien faire voyager, sur tout le territoire, « des œuvres iconiques ». La ministre de la culture a désigné, lundi 16 avril, deux commissaires généraux chargés de l’élaboration d’une « exposition itinérante des chefs-d’œuvre des collections nationales ».
Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans et Sylvain Amic, directeur de la Réunion des musées métropolitains Rouen Normandie, devront proposer, en concertation avec les responsables des musées nationaux, un « catalogue des désirs » (nom de code temporaire) amené à être présenté dans des musées ou dans d’autres lieux en province – notamment au sein des « zones blanches du service public culturel », là où il y a moins d’un équipement culturel public pour 10 000 habitants.
« Lutter contre la ségrégation culturelle »
Considérée par la ministre comme « la mesure phare » de son plan d’itinérance « Culture près de chez vous », visant à « lutter contre la ségrégation culturelle », cette mobilité des œuvres fera l’objet d’un « premier projet collégial concret » qui sera présenté le 19 mai lors de la Nuit des musées. En attendant, une première réunion de travail, présidée par les nouveaux commissaires généraux, a rassemblé, lundi 16 avril rue de Valois, cinq directeurs et présidents des plus gros musées prêteurs (Le Louvre, Orsay, Beaubourg, Quai Branly, Picasso) ainsi que les responsables de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais et du Centre des monuments nationaux.
« L’idée d’un catalogue renvoie à une idée de choix, explique Sylvain Amic. Qu’il s’agisse d’une coiffe amérindienne, d’un silex taillé ou d’un tableau, les trésors devront être de toutes les cultures, de toutes les époques et de toutes les techniques », à condition, bien sûr, qu’ils puissent voyager sans être endommagés. « Nous voulons toucher des publics qui ont peur de venir au musée, en racontant l’histoire des œuvres, en ramenant, par exemple, certaines d’entre elles sur leur lieu d’origine », complète Olivia Voisin. « Le grand public a le sentiment que tous les chefs-d’œuvre sont à Paris et a un désir d’œuvres qu’il connaît de nom », constate-t-elle.
« Faire circuler les œuvres »
Pour Françoise Nyssen, le « grand buzz » suscité par sa proposition – caduque financièrement –, de faire sortir la Joconde du Louvre, « montre à quel point faire circuler les œuvres est important ». Et pour y parvenir, elle a choisi « deux passionnés d’art qui travaillent en dehors de Paris ».
Les directions régionales des affaires culturelles (DRAC) seront associées au projet « pour faire remonter les besoins » et le financement de ces « voyages » sera en partie assuré par les 6,5 millions de crédits débloqués, en 2018, pour le plan « Culture près de chez vous ».