A Epinal, Emmanuel Macron lance la première « consultation citoyenne » sur l’Europe
A Epinal, Emmanuel Macron lance la première « consultation citoyenne » sur l’Europe
Par Bastien Bonnefous (Epinal, envoyé spécial)
Jusqu’en octobre, le gouvernement va aller à la rencontre des Français pour écouter ce qu’ils ont à dire sur le fonctionnement de l’UE et pour « chasser les fausses idées » avant les élections européennes de mai 2019.
Emmauel Macron, à Epinal (Vosges), le 17 avril 2018. / FREDERICK FLORIN / AFP
Comme un air de campagne, déjà… Un an avant les élections européennes de mai 2019, Emmanuel Macron a lancé, mardi 17 avril, à Epinal, la première « consultation citoyenne » sur l’Europe, une idée lancée par la France et reprise par l’ensemble des Etats membres de l’Union. Jusqu’en octobre, le gouvernement a l’intention d’aller à la rencontre des Français pour écouter ce qu’ils ont à dire de l’Europe. Une démarche calquée sur celle lancée par En marche ! et le candidat Macron au démarrage de la campagne présidentielle de 2017.
M. Macron a choisi volontairement les Vosges et Epinal pour inaugurer l’exercice : un département frappé par la désindustrialisation, où le Front national recueille de nombreux suffrages à chaque élection, et une ville qui garde le souvenir d’un de ses illustres anciens, Philippe Séguin, qui avait été la voix du non au traité de Maastricht en 1992.
« A l’époque, j’étais adolescent et je n’ai pas oublié le débat entre François Mitterrand et Philippe Séguin à la Sorbonne, un vrai grand débat honnête, en profondeur », se rappelle Emmanuel Macron. Un type de débat que le chef de l’Etat souhaiterait répéter à l’occasion des prochaines européennes. « Avec ces consultations citoyennes, je veux avoir un débat instruit avec les Français, pour chasser les fausses idées », explique-t-il.
L’Europe de la paix face au « prix du Picon »
Devant quelque 300 personnes, réunies au palais des congrès de la ville, qui s’étaient inscrites pour participer à la rencontre, le président s’est donc prêté, debout au centre de la salle et pendant plus de deux heures, au jeu des questions-réponses. Un jeu très fair-play, tant l’auditoire, composé en majorité de partisans de La République en marche, a peiné à être critique contre l’Europe. Au point qu’Emmanuel Macron lui-même finira par demander « si quelqu’un a des critiques ou des doutes » sur le fonctionnement actuel de l’UE.
Face à ce public largement acquis, M. Macron déroule, sur un ton professoral, son projet pour « une Europe plus démocratique, plus unie et plus souveraine ». Il vante le programme d’échange universitaire Erasmus, exemple parfait, selon lui, de « l’affectio societatis européen ». Citant de Gaulle, il plaide pour une Europe qui « va de l’Atlantique à l’Oural », mais qui serait tirée par un petit groupe de pays, « une avant-garde européenne ».
A l’interpellation d’un homme qui se plaint « qu’avant l’euro le Picon coûtait 5 francs au comptoir et maintenant trois fois plus », Emmanuel Macron répond en rappelant que « l’Europe nous a évité de nous refaire la guerre depuis soixante-dix ans, ce qui n’était jamais arrivé. Rappelez-vous cela face à votre Picon la prochaine fois ».
Les européennes de mai 2019 seront le premier rendez-vous électoral pour le pouvoir en place. Un test majeur pour M. Macron qui a gagné la présidentielle avec un discours pro-européen face à des adversaires eurosceptiques ou antieuropéens qui ont rassemblé près de 50 % des voix au premier tour.
Alors que les élections en Italie et en Hongrie ont vu la victoire de partis eurocritiques, le président a l’intention de faire campagne contre « les tentations autoritaires » qui planent au-dessus du continent. Une façon pour lui d’appliquer à l’Europe le même clivage qu’il avait imposé en France à la présidentielle, entre « une Europe du repli » et « une Europe de la démocratie ».