Dénonçant une « dictature macronienne », des élèves bloquent l’accès à Sciences Po
Dénonçant une « dictature macronienne », des élèves bloquent l’accès à Sciences Po
Par Soazig Le Nevé
Une cinquantaine d’élèves ont occupé l’établissement dans la nuit de mardi à mercredi. Ils se veulent solidaires de la mobilisation contre la réforme de l’accès aux études supérieures.
Une cinquantaine d’étudiants occupent, depuis mardi 17 avril au soir, le siège de Sciences Po, rue Saint-Guillaume, à Paris. / Soazig Le Nevé / Le Monde
La décision a été prise en assemblée générale, dans le hall, en présence de 250 élèves environ. Mardi 17 avril vers 19 heures, « les Sciences Po » ont rejoint le mouvement de lutte contre la loi instaurant Parcoursup, « par solidarité » avec les étudiants mobilisés dans les universités. Cette AG faisait suite à deux autres réunions collectives organisées ces dernières semaines. « Nous voulions réfléchir au sens de notre action, indique un élève de master. Depuis les violences à Montpellier, Nanterre et Tolbiac, on ne pouvait pas rester inactifs. »
Sur Facebook, les membres du collectif Sciences Po en lutte écrivent :
« En tant qu’étudiant.e.s à Sciences Po, certain.e.s diront que nous n’avons pas notre mot à dire dans le mouvement social étudiant actuel contre la sélection, puisque notre école est par essence sélective : nous estimons que notre école sert de laboratoire aux politiques d’éducation néolibérales et racistes telles que celles orchestrées aujourd’hui par le gouvernement. »
Les étudiants bloqueurs, dont soixante-dix ont passé la nuit à l’intérieur du bâtiment du numéro 27 de la rue Saint-Guillaume, à Paris, annoncent qu’ils poursuivront « la lutte » jusqu’au retrait de la loi Orientation et réussite des étudiants, accusée d’instaurer la sélection à l’entrée de l’université, « et de toutes les lois antisociales et racistes portées par ce gouvernement (loi asile et immigration, casse de la fonction publique) ».
Ils insistent sur le symbole que porte leur action « en tant que fac où a étudié Emmanuel Macron et de nombreux membres de sa majorité parlementaire ». Ils dénoncent une école qui se fait, à leurs yeux, « le relais académique et symbolique de l’idéologie néolibérale et raciste dominante, qui transparaît tant dans la gestion de l’école que dans les contenus des enseignements ».
Dans la matinée du mercredi 18 avril, la direction de Sciences Po assurait « maintenir un dialogue permanent avec les élèves ». Tous les cours annulés seront reprogrammés ailleurs dans les prochains jours, assure également au Monde un porte-parole de l’école.