Grèves : RATP, énergies, fonctionnaires… la contestation sociale gagne de nouveaux secteurs
Grèves : RATP, énergies, fonctionnaires… la contestation sociale gagne de nouveaux secteurs
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
La CGT et Solidaires ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle jeudi, dont le mot d’ordre est la « convergence des luttes » contre la politique du gouvernement.
La « convergence des luttes » tant attendue des syndicats est-elle en train de se mettre en place ? Alors que les cheminots de la SNCF entament, mercredi 18 avril, leur quatrième séquence de grève contre la réforme ferroviaire, de nouveaux secteurs se lancent dans le mouvement de contestation : la RATP, les électriciens ou encore les fonctionnaires.
Ces nouveaux foyers de contestation interviennent alors que la CGT et Solidaires ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle jeudi, dont le mot d’ordre est la « convergence des luttes » contre la politique du gouvernement.
RATP : préavis de grève pour la fin de semaine
Les lignes A et B du RER cogérées par la SNCF et la RATP, en Ile-de-France, vont être perturbées dans les prochains jours. Quatre syndicats de la RATP – CGT, UNSA, Sud et FO – ont en effet déposé un préavis de grève. Celui de la CGT court de mercredi 22 heures jusqu’à samedi 7 heures.
Dans un communiqué sur la « Journée de convergence des luttes », le premier syndicat du secteur dénonce « une politique sociale quasi au point mort, une politique salariale qui impacte négativement la rémunération pérenne des agents, des suppressions de postes par centaines qui génèrent des dégradations importantes de conditions de travail ».
Ce mouvement de grève est également lié à celui des cheminots de la SNCF. Pour la CGT, la réforme de l’entreprise publique ferroviaire aura « inévitablement et de manière indiscutable des impacts pour la RATP ». Pour se faire entendre et défendre « la double question de la défense du service public et des conditions de sa réalisation », une manifestation est organisée jeudi après-midi devant la gare Montparnasse.
De son côté, FO, l’UNSA et Sud ont également déposé un préavis pour jeudi, mais sans appeler à la grève, afin de permettre aux agents qui le souhaitent de participer au rassemblement.
Les usagers des métros et tramways devraient toutefois être peu touchés par ce mouvement de grève, avance la direction de la RATP. Le trafic sera ainsi « normal » dans les métros et les tramways, « quasi normal » dans les bus. En revanche, il sera perturbé sur la ligne A du RER avec trois trains sur quatre (un sur deux sur la branche Cergy-Poissy, exploitée par la SNCF), ainsi que sur la ligne B, avec un RER sur deux et un changement de train nécessaire en gare du Nord pour accéder à la zone SNCF.
Etant gérées par l’entreprise publique ferroviaire, les lignes RER C, D et E seront touchés par la grève SNCF.
Energie : la CGT prévoit « des coupures ciblées » jusqu’à fin juin
Les électriciens et les gaziers de la CGT appellent également à « la convergence des luttes » pour bloquer la politique menée par le gouvernement. Pour cela, la FNME-CGT (Fédération nationale des mines et de l’énergie CGT), première organisation syndicale dans l’énergie, a ainsi annoncé mercredi son intention de faire grève jusqu’à fin juin, avec plusieurs actions ciblées.
La fédération énergie souhaite notamment « un nouveau service de l’électricité et du gaz », a expliqué à l’Agence France-Presse, Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT mines-énergie.
Ces actions peuvent être « des coupures ciblées en direction des entreprises où les employeurs licencient » ou « criminalisent l’action syndicale », a-t-il avancé, citant Carrefour en exemple. « Des actions en direction des usagers pour ceux qui ont subi des coupures d’énergie » à la suite notamment d’impayés sont également envisagées, ainsi que « des basculements d’heures pleines en heures creuses » pour faire baisser la facture des usagers, a-t-il ajouté. D’autres « temps forts » sont prévus les 24 et 26 avril, ainsi que le 1er mai, les dates suivantes restant encore à déterminer, a prévenu M. Menesplier.
Et dans une interview au Parisien, ce dernier explique également vouloir mener des actions conjointes avec les cheminots :
« Lorsque nous avons appris que Guillaume Pepy [président de la SNCF] voulait mettre sur les rails deux cents TGV supplémentaires pour assurer les départs en vacances, nous avons réfléchi à la manière dont nous pourrions intervenir. Sur les lignes, mais aussi dans les gares. Pas forcément pour que ces TGV ne roulent pas, mais au moins pour leur faire prendre du retard. »
Sur Franceinfo, mercredi matin, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a dit regretter ce nouveau foyer de contestation. Couper l’électricité d’entreprises « qui ne vont pas bien et donc qui licencient, je ne suis pas sûr que ça améliorera la situation, a-t-il critiqué. Ce n’est sans doute pas la meilleure des manières d’aider cette entreprise et d’aider ses salariés ».
Fonctionnaires : les syndicats souhaitent une mobilisation « dans la durée »
Comme lors de la journée de mobilisation du 10 octobre, les neuf syndicats représentant la fonction publique ont lancé un appel unitaire pour un nouveau rassemblement le 22 mai. Ils appellent également à soutenir tous les mouvements de contestation qui ont lieu dans les services de la fonction publique (hôpitaux, ministère de l’économie et des finances, Météo France…).
L’intersyndicale espère « faire encore mieux que le 22 mars », journée d’actions à laquelle seuls sept d’entre eux avaient appelé, et qui avait réuni entre 32 500, selon la préfecture, et 40 000 fonctionnaires, selon la CGT à Paris. Rejoints ce jour-là par les cheminots, les syndicats souhaitent que le 22 mai soit cette fois « dédié » à la fonction publique. « Nous appelons l’ensemble des personnels à se réunir partout où c’est possible » en « assemblées générales », a expliqué Denis Turbet-Delof (Solidaires).
Les syndicats de la fonction publique dénoncent la réforme du gouvernement, qui prévoit la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires sur cinq ans, ainsi que des restructurations touchant aux instances de représentation du personnel, au statut, à la rémunération et aux modalités de recrutement.
L’intersyndicale souhaite que la mobilisation se poursuive « dans la perspective du fameux rendez-vous salarial » annuel, avancé cette année à la mi-juin – au lieu d’octobre habituellement – par le gouvernement à la demande des syndicats.