Dengue : l’OMS recommande de tester les patients avant de les vacciner
Dengue : l’OMS recommande de tester les patients avant de les vacciner
Le Monde.fr avec Reuters
Dans certains cas, vacciner des personnes qui n’avaient pas été exposées auparavant à la dengue augmente leur risque de développer une forme grave de la maladie. Aux Philippines, plusieurs enfants en sont morts.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé jeudi 19 avril de tester les patients individuellement avant de leur injecter le vaccin contre la dengue de Sanofi, afin de vérifier s’ils ont pu être exposés plus tôt à cette infection.
A l’issue d’une réunion de deux jours consacrée à ce vaccin, au siège de l’OMS à Genève, des experts de l’agence des Nations unies ont estimé que le produit devait être administré « avec plus de précaution ».
« Nous avons maintenant une documentation claire nous informant que le vaccin doit être administré avec plus de précaution en l’injectant uniquement à des personnes déjà infectées », a déclaré par téléphone à des journalistes Alejandro Cravioto, président du groupe d’experts (SAGE) sur l’immunisation.
Sanofi sur le gril
Après une nouvelle analyse des données, Sanofi avait fait savoir en novembre 2017 que le vaccin pouvait augmenter le risque de développer une forme grave de la dengue dans certains cas sur des personnes vaccinées qui n’avaient pas été exposées auparavant à la maladie.
Le laboratoire français n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat.
A l’origine de cette polémique, il y a la mort de 14 personnes aux Philippines. L’Etat philippin, qui soupçonne que ces décès soient liés à la prise du vaccin, a engagé des poursuites contre Sanofi, lundi 5 février, et a également demandé au groupe français de rembourser l’intégralité du coût, de quelque 60 millions d’euros, du programme de vaccination contre la dengue lancé en 2015 auprès de 870 000 enfants.
Dans un communiqué, Sanofi a fermement rejeté les accusations des autorités philippines, rappelant que l’hôpital général du pays avait assuré qu’il n’y avait « aucune preuve liant directement la prise du Dengvaxia à la mort de 14 personnes. En dix ans d’essais cliniques, et près d’un million de doses injectées, aucune mort liée au vaccin n’a été observée. Au contraire, l’administration du vaccin a réduit les risques liés à la prévalence de la dengue dans le pays. » Chaque année, entre 500 et 1 000 Philippins meurent des suites de la dengue.
Ce vaccin n’est pas autorisé en outre-mer
Si la Martinique, la Guyane et la Guadeloupe sont aussi touchées par la maladie, possiblement mortelle, le vaccin du laboratoire Sanofi n’y est cependant pas autorisé.
Le Dengvaxia n’a en effet toujours pas d’autorisation de mise sur le marché en Europe, la demande n’ayant été déposée qu’en avril 2016. Une stratégie assumée par Sanofi : « C’était important avant toute chose de rendre ce vaccin disponible dans les pays qui souffrent le plus de la maladie. Nous avons donc décidé de nous concentrer en premier lieu sur l’Asie et l’Amérique latine », déclarait au Monde en mars dernier Thomas Triomphe, vice-président de la région Asie-Pacifique chez Sanofi Pasteur.
Mais aujourd’hui, le dossier semble coincer à l’Agence européenne du médicament (EMA) : alors qu’il faut en général deux cent soixante-dix-sept jours pour obtenir une autorisation, le Dengvaxia est toujours en cours d’évaluation près de sept cents jours plus tard. Interrogée en mars dernier par Le Monde, l’EMA n’a pas donné les raisons de ce délai, expliquant seulement que l’évaluation était suspendue chaque fois que de nouvelles informations étaient demandées aux fabricants.
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