Hécatombe « castastrophique » de coraux dans la Grande Barrière
Hécatombe « castastrophique » de coraux dans la Grande Barrière
Le Monde.fr avec AFP
Environ 30 % des coraux du vaste récif sont morts durant la vague de chaleur survenue en 2016, le premier épisode de deux années consécutives de blanchissement.
Cette photo non datée, publiée par l’Autorité du parc marin de la Grande Barrière de corail le 23 avril 2009, montre une section blanchie de la Grande Barrière de corail australienne. / Great Barriier Reef Marine Park / AFP
Année noire pour la Grande Barrière australienne. Ce joyau du Patrimoine mondial de l’humanité a subi une hécatombe « catastrophique » de ses coraux pendant une vague marquée de chaleur en 2016, menaçant une plus grande diversité de vie marine qu’estimé jusqu’alors, prévient une étude de la revue scientifique Nature, mise en ligne mercredi 18 avril. Environ 30 % des coraux du vaste ensemble sont morts durant la vague de chaleur survenue entre mars et novembre 2016, le premier épisode de deux années consécutives de blanchissement.
Inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1981, le récif s’étend sur environ 348 000 kilomètres carrés le long de la côte australienne et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde. D’après l’étude, le corail, qui sert d’habitat à d’autres créatures marines, a été durement touché par la hausse des températures de l’eau consécutive au réchauffement climatique.
« Des changements radicaux dans la variété des espèces »
Terry Hugues, coauteur de l’étude et directeur du Centre d’excellence pour les études sur les récifs coralliens de l’Université James Cook, a expliqué à l’Agence France-Presse que les plus menacés sont les coraux à branches comme les tables de corail qui fournissent leurs cachettes aux poissons juvéniles. Les coraux les plus susceptibles de tenir le choc sont lisses, en forme de melon, a poursuivi le chercheur. Ces coraux n’ont pas trop de mal à construire leur squelette mais « ils ne sont pas très utiles pour l’habitat ».
Pendant le blanchissement de 2016, les coraux de la partie septentrionale de la Grande Barrière ont subi une vague de « décès catastrophiques », poursuit l’étude.
« Ce dépérissement corallien a provoqué des changements radicaux dans la variété des espèces dans des centaines de récifs individuels, où des communautés récifales matures et diversifiées se transforment en systèmes plus dégradés, où seules quelques espèces endurantes survivent », écrit Andrew Baird, autre scientifique.
Le blanchissement est un phénomène de dépérissement qui se traduit par une décoloration des coraux. Sous la pression de facteurs comme le réchauffement, les coraux stressés expulsent les algues avec lesquelles ils ont une relation symbiotique, et qui leur donnent couleur et énergie.
Protéger les coraux survivants
L’étude appelle à la protection des coraux survivants, estimés à environ un milliard.
« C’est ceux-là qui vont réalimenter et ré-habiter des récifs altérés », dit M. Hugues, ajoutant qu’il fallait améliorer la qualité de l’eau en réduisant la pollution côtière.
Les efforts pour limiter le réchauffement climatique comme dans l’accord de Paris sont également cruciaux.
« Nous avons eu quatre épisodes de blanchissement (1998, 2002, 2016 et 2017) sur la Grande Barrière avec une hausse globale des températures de 1 °C », souligne M. Hugues. « Si nous continuons avec nos émissions comme si de rien n’était, je ne crois pas que la Barrière y survivra ».
Les récifs recouvrent moins de 0,2 % de la surface des océans mais abritent 30 % des espèces animales et végétales marines, les protégeant des prédateurs et leur servant de garde-manger. Ils contribuent à la protection des côtes, à l’alimentation des hommes, ainsi qu’au tourisme.