L’ONG Human Rights Watch dénonce la torture et le viol de migrants africains détenus au Yémen
L’ONG Human Rights Watch dénonce la torture et le viol de migrants africains détenus au Yémen
Le Monde.fr avec AFP
Un rapport dénonce les agissements de fonctionnaires du gouvernement yéménite dans un centre de détention d’Aden. Des hommes, femmes et enfants fuyant la Corne de l’Afrique y ont été torturés et violés.
Des migrants africains regroupés dans un centre de détention d’Aden, au Yémen, le 17 mars. / FAWAZ SALMAN / REUTERS
Un rapport glaçant. Des hommes, des femmes et des enfants fuyant la Corne de l’Afrique torturés et violés par des fonctionnaires yéménites. L’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) a interrogé huit migrants ayant été détenus dans un centre du quartier de Buraika, à Aden, dans le sud du Yémen, ainsi que des responsables gouvernementaux yéménites.
Le rapport qui en ressort, publié mercredi 18 avril, explique que des migrants étant passés par ce centre de détention ont été battus par des geôliers armés de barres métalliques, agressés sexuellement, et ont enduré de terribles conditions sanitaires. Ce centre de détention a accueilli, depuis début 2017, « des centaines de migrants, de demandeurs d’asile et de réfugiés éthiopiens, somaliens et érythréens », souligne l’ONG.
« Chaque nuit, ils en prenaient un pour le violer »
Certains détenus, notamment de jeunes garçons, ont été violés par des geôliers, d’après le rapport. « Chaque nuit, ils en prenaient un pour le violer, confie un ex-détenu. Pas tous. Les plus petits. Je connais sept garçons qui ont été agressés sexuellement. » Au moins deux détenus ont également été tués par balle, selon des témoins cités par HRW.
En 2017, plus de 87 000 personnes sont arrivées au Yémen depuis la Corne de l’Afrique, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui a demandé un « accès sans entraves » aux détenus.
« Les autorités ont refusé aux demandeurs d’asile la possibilité de demander une protection en tant que réfugiés et ont expulsé massivement par voie maritime des migrants dans des conditions dangereuses », regrette le rapport de Human Rights Watch.
Un ressortissant éthiopien qui a réussi à s’évader cette année a expliqué à l’ONG qu’il y avait seulement « deux façons » de quitter le centre de Buraika : en payant des passeurs ou en étant déporté par voie maritime vers Djibouti.
Mettre fin à la détention d’enfants
En janvier, plus de 150 Ethiopiens et Somaliens ont ainsi été entassés dans une embarcation surchargée à Aden, à destination de Djibouti, selon l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Pour HRW, « le gouvernement yéménite porte la responsabilité du décès des détenus déportés par voie maritime ».
L’ONG appelle le gouvernement yéménite, exilé à Aden, à faire respecter les normes internationales de l’ONU dans les centres de détention, faire en sorte d’avoir des gardiennes dans les locaux pour femmes, et mettre fin à la détention d’enfants. Elle lui demande également de s’assurer que les détenus ont le droit de déposer une demande d’asile et de contester leur déportation.
Le Yémen est entré, à la fin de mars, dans sa quatrième année d’une guerre meurtrière entre les rebelles houthistes, qui contrôlent la capitale, Sanaa, et une coalition militaire sous commandement saoudien soutenant les forces du gouvernement internationalement reconnu. Un conflit qui a fait quelque 10 000 morts, dont de nombreux civils, et a provoqué la « pire catastrophe humanitaire actuelle au monde », selon l’ONU.