Moscou : près de 8 000 personnes manifestent contre le blocage de Telegram
Moscou : près de 8 000 personnes manifestent contre le blocage de Telegram
Le Monde.fr avec AFP
Les autorités russes ont restreint l’accès à la messagerie cryptée. Le gouvernement souhaite avoir les moyens de lire les messages des utilisateurs, ce que la société a jusqu’ici refusé.
Près de 8 000 personnes se sont rassemblées à Moscou lundi pour protester contre le blocage de Telegram. / ALEXANDER NEMENOV / AFP
Un blocage qui ne passe pas. Près 8 000 Russes, dont l’opposant Alexeï Navalny, ont manifesté lundi 30 avril à Moscou contre le renforcement de la surveillance sur Internet par le gouvernement russe. Dans le viseur des manifestants : le blocage par les autorités de la messagerie cryptée Telegram.
Sur les quelque 200 millions d’utilisateurs de l’application dans le monde, plus de 10 millions sont russes, dont de nombreuses administrations et officiels eux-mêmes, au Kremlin comme au sein du gouvernement. Mais une restriction a été mise en place peu après l’élection de Vladimir Poutine à un quatrième mandat présidentiel. Le 13 avril, la justice russe a même ordonné le blocage « immédiat » de la messagerie sur tout le territoire du pays. Le gouvernement assure qu’il ne reculera pas tant que Telegram ne fournira pas au FSB, les services de sécurité, les moyens de lire les messages des utilisateurs, ce que la société a refusé.
« A bas le tsar »
Lundi, dans la capitale russe, les manifestants brandissaient des pancartes avec des slogans antigouvernementaux et des drapeaux russes, scandant parfois « Poutine est un voleur » ou « Ne restez pas silencieux ».
M. Navalny s’est ensuite adressé à la foule, remerciant le cofondateur de Telegram, Pavel Dourov, d’avoir créé la messagerie cryptée, appréciée par de nombreux Russes. « Etes-vous prêts à résister ? », a-t-il lancé à la foule, qui a hurlé « oui », avant de scander « à bas le tsar ». Dans un texte publié sur le réseau social Vkontakte, Pavel Dourov a salué les manifestants : « Votre énergie est en train de changer le monde. »
Pour Amnesty International, ce blocage est un nouvel « assaut » contre la liberté d’expression. Selon l’ONG, les autorités russes « ont bloqué les sites d’information qui les critiquent, imposé des règles de stockage de données draconiennes et déclaré les médias enregistrés en dehors de la Russie comme des “agents étrangers”. Maintenant, ils ciblent l’une des applications de messagerie les plus populaires en Russie, simplement [parce qu’elle a] le courage et l’intégrité de respecter la vie privée de ses utilisateurs ».