Campagne de Macron : une photographe rémunérée dès fin mai 2016
Campagne de Macron : une photographe rémunérée dès fin mai 2016
Par Emeline Cazi, Cédric Pietralunga
Selon des factures consultées par « Le Monde » dans les comptes de campagne du du candidat Macron, Soazig de La Moissonnière avait signé un « contrat de prestation de services » avec le futur vainqueur de la présidentielle.
La photographe Soazig de la Moissonnière, avant l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Arc de triomphe, le 14 mai 2017. / Charles Platiau / REUTERS
L’équipe d’En marche ! s’est adjoint les services d’une professionnelle de l’image dès fin mai 2016. Soazig de La Moissonnière, qui fut la photographe officielle de François Bayrou lors de la campagne de 2012, a touché, en juin et en juillet, 4 000 euros par mois, pour des reportages photos « réalisés dans le cadre de la valorisation et de la communication du mouvement En marche ! », est-il noté sur les factures que Le Monde a pu consulter.
Le 1er septembre, le « contrat de prestation de services » qu’elle signe – pour une durée indéterminée et avec effet rétroactif au 28 mai (début de la « grande marche ») – stipule également qu’elle photographie Emmanuel Macron lors de déplacements, meetings, dans le cadre de cette « grande marche », « mais aussi d’une éventuelle campagne présidentielle et (…) législative ».
« Cela pose problème »
Ces documents et ces versements mensuels réguliers, qui racontent les projets secrets d’Emmanuel Macron alors qu’il était encore en poste à Bercy, interpellent Christophe Bertolin, le directeur de l’agence IP3, spécialiste de la photo politique et qui a diffusé le travail de Soazig de La Moissonnière pendant la campagne. « Si j’avais su qu’elle était payée par l’équipe Macron dès cette époque, jamais nous n’aurions rediffusé ses images. Déontologiquement, cela pose problème. Il y a conflit d’intérêts. Si tout cela est confirmé, on arrêtera la diffusion de son travail. »
Le flou sur la place qu’occupait Soazig de la Moissonnière a animé les discussions des photojournalistes pendant la campagne. Etait-elle une consœur qui bénéficiait d’un accès privilégié au candidat Macron ? Travaillait-elle pour le mouvement ? La photographe, dont les émoluments grimpent à 5 000 euros par mois en février 2017 – quand elle réserve la quasi-exclusivité de son travail à En Marche ! – est, aujourd’hui, salariée à temps plein de l’Elysée. Elle suit le chef de l’Etat dans chacun de ses déplacements et c’est elle qui a réalisé le portrait officiel du président Macron.