• John Adams
    Concerto pour violon

    Leila Josefowicz (violon), St. Louis Symphony, David Robertson (direction)

Pochette de l’album Concerto pour violonLeila Josefowicz (violon), St. Louis Symphony, David Robertson (direction) / DR

Un quart de siècle après sa conception (1993), le Concerto pour violon de John Adams apparaît toujours comme une œuvre majeure, non seulement du compositeur (cet Américain, né en 1947, qui va de l’avant sans penser « moderne ») mais aussi d’une époque vouée à l’hybridation des sources. D’essence bergienne, le premier mouvement procède d’un filage aussi sophistiqué dans son processus de métamorphose que naturel dans son abord immédiat. Frémissante et sombre, la Chaconne centrale finit dans un mirage extatique avec des sonorités presque vocales (synthétiseurs). Quant au dernier mouvement, il se propage telle une vague appelée à déborder du cadre tant formel (toccata) qu’esthétique (accents de folk et de jazz). Le tissage orchestre-soliste est de toute beauté : instinctive et rigoureuse, Leila Josefowicz y évolue comme une araignée dans sa toile. Pierre Gervasoni

1 CD Nonesuch.

  • Anton Bruckner
    Symphonie n° 7 en mi majeur, de Bruckner. Marche funèbre de Siegfried, extrait du Crépuscule des dieux, de Wagner.

    Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, Andris Nelsons (direction)

Pochette de l’album Symphonie n° 7 en mi majeur, de Bruckner. Marche funèbre de Siegfried, extrait du Crépuscule des dieux, de Wagner (Deutsche Grammophon/Universa) / DR

Enregistré en mars, ce concert donné par Andris Nelsons à la tête de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, dont il vient de prendre les rênes, témoigne d’une incroyable osmose entre le jeune « Kapellmeister » et la prestigieuse phalange allemande qui fête cette année ses 275 ans. Avec Wagner et surtout Bruckner, Nelsons joue évidemment sur du velours tant l’ADN des musiciens allemands, créateurs de cette septième symphonie en 1884 sous la baguette fondatrice d’Arthur Nikisch, est resté vivace. Mais c’est bien le Letton qui sculpte ces formes aux contours juvéniles et raffinés, lui qui distille ce lyrisme sensuel et poignant, ces couleurs mouvantes, ces dynamiques puissantes, lui qui chante aussi, éperdument, et donne à la musique une éloquence profonde sans spectaculaire ni grandiloquence. Son Bruckner est à la fois poète, nocturne, visionnaire et lumineux. Délestée de la scène et du drame, la Marche funèbre de Siegfried avance telle une procession mystique qui parle de perte et de renoncement, une acception sans doute plus brucknérienne que wagnérienne. Marie-Aude Roux

1 CD Deutsche Grammophon/Universal

  • Orchestre national de jazz
    Concert anniversaire 30 ans

Pochette de l’album « Concert anniversaire 30 ans », de l’Orchestre national de jazz. / DR

Le 2 septembre 2016, à La Cité de la musique de Paris, l’Orchestre national de jazz (ONJ) fêtait ses 30 ans d’existence lors d’un concert réunissant ses dix chefs, de François Jeanneau, premier nommé, en 1986, à Olivier Benoît, son actuel titulaire. Une composition par chef, issue du répertoire de l’ONJ qu’ils ont dirigé, un orchestre commun, celui d’Olivier Benoît (faire revenir chaque formation aurait été compliqué) qui, remarquablement, avec des arrangements adaptés et des solistes différents, retrouve les sons, les couleurs, l’identité de chaque formation. Enregistrée et filmée, cette soirée anniversaire résume une histoire toujours en mouvement. Un livret accompagne cette parution, avec témoignages des chefs, discographie et photographies de la soirée. Laquelle enthousiasme le plus par les interprétations d’A plus tard de Denis Badault, In Tempo de Laurent Cugny, Out Of de Didier Levallet, Valse de Franck Tortiller et Shipbuilding (musique de Clive Langer, paroles d’Elvis Costello), thème choisi par Daniel Yvinec, que chantait ce soir-là Yael Naim. Sylvain Siclier

1 CD et 1 DVD ONJ Records/L’Autre Distribution.

  • Jun miyake
    Lost Memory Theatre – Act3

Pochette de LOST MEMORY THEATRE - Act 3, de Jun Miyake (Enja Yellow Bird / L’Autre Distribution) / DR

Jun Miyake cultive l’hybridation et l’élève au rang de grand art. Cet album, comme ses précédents, foisonne de couleurs, d’ambiances, de suggestions et d’allusions. Il a l’excentricité du rêve. Les filtres de la raison n’y ont pas prise, tout se mélange, personnages, époques, sensations. Toujours très entouré d’amis bien attentionnés (Arto Lindsay, Vincent Segal, Vinicius Cantuaria, Lisa Papineau, Dhafer Youssef, Melvin Gibbs…), le multi-instrumentiste (piano, trompettes, samples, programmations) et compositeur japonais clôt sa trilogie consacrée à ce qui ressemblerait pour lui à un « théâtre de la mémoire perdue ». Piano et voix diaphanes, cordes romantiques, bribes de conversations, chœur bulgare, miroitements orientaux et sensualité brésilienne tissent la partition d’un savoureux voyage immersif dans un monde singulier. Patrick Labesse

1 CD Enja Yellow Bird/L’Autre Distribution.

  • Cascadeur
    Camera

Pochette de l’album de Cascadeur, « Camera » (Mercury/Universal) / DR

Sous son casque blanc à étoile rouge de pilote de MiG ou derrière un masque de catcheur mexicain, le pianiste messin Alexandre Longo a façonné le personnage de Cascadeur, mystérieux rêveur dédaignant les courses à tombeau ouvert au profit de blues en apesanteur. Si les deux premiers albums, The Human Octopus (2011) et Ghost Surfer (2014), pouvaient séduire par la cohérence de leur univers et une façon de théâtraliser un vague à l’âme aérien, les chansons étaient souvent trop vaporeuses pour imprégner réellement. Dans Camera, son troisième opus, le troubadour interstellaire, lointain cousin du Bowie de Space Oddity, enrichit ses volutes d’un nombre impressionnant de mélodies et gimmick accrocheurs, donnant une très attrayante efficacité pop à son répertoire éthéré. Malgré un chant anglophone encore trop impersonnel et des grésillements maniérés, qui parcourent l’album comme s’il s’agissait d’un disque usé. Stéphane Davet

1 CD Mercury/Universal.