Le conseiller à la sécurité nationale John Bolton avec Donald Trump, à la Maison Blanche, le 9 avril. / CARLOS BARRIA / REUTERS

Après Emmanuel Macron et Angela Merkel deux semaines plus tôt, le ministre des affaires étrangères britannique, Boris Johnson, devait plaider une dernière fois en faveur de l’accord nucléaire iranien, lundi 7 et mardi 8 mai à Washington, avant une échéance importante. Le chef de la diplomatie du Royaume-Uni devait s’entretenir avec le vice-président américain, Mike Pence, le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, ainsi qu’avec des élus du Congrès.

Donald Trump s’est donné jusqu’au 12 mai pour porter un coup peut-être fatal à ce compromis conclu en 2015 qui empêche l’Iran de développer une arme nucléaire, en rétablissant les sanctions américaines suspendues depuis l’entrée en vigueur. « Si les Etats-Unis quittent l’accord nucléaire, vous verrez bientôt qu’ils le regretteront comme jamais dans l’Histoire », a prévenu le président iranien Hassan Rohani lors d’un discours retransmis à la télévision publique, lundi.

L’approche de cette date fatidique a entraîné la mobilisation des diplomates américains qui avaient forgé cet accord. Ces derniers se sont multipliés dans les médias pour mettre en garde contre les risques pour les Etats-Unis d’une sortie qui les placerait en porte-à-faux avec leurs alliés européens et sans aucune visibilité sur les intentions iraniennes. Au cours des derniers mois, l’ancien secrétaire d’Etat John Kerry a même eu des contacts avec le ministre des affaires étrangères iranien, avec lequel il négociait trois ans plus tôt, Javad Zarif, suscitant les foudres de l’aile droite du Parti républicain.

Le Grand Old Party est pourtant loin d’être monolithique sur le sujet. Alors qu’un proche du président, l’ancien maire de New York Rudolph Giuliani, a évoqué la nécessité d’un « changement de régime » à Téhéran, dimanche, Mac Thornberry, le président de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, a ainsi invité le président à « repousser sa décision ». « Il faut avoir une idée claire des étapes suivantes si on se retire », a-t-il expliqué à la chaîne Fox News. L’élu souhaite donner plus de temps aux trois signataires européens pour prendre en compte une série de préoccupations américaines, notamment celles concernant la période qui s’ouvrira après l’expiration de l’accord, en 2025.

Erreur de langage

Tout en gardant le mystère sur ses intentions, Donald Trump n’a cessé de stigmatiser l’accord au cours de ses dernières interventions publiques. Une erreur de langage a d’ailleurs donné l’impression, le 30 avril, que la Maison Blanche avait d’ores et déjà pris la décision d’en sortir. Dans un communiqué publié en fin de journée, quelques heures après la présentation par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, d’un dossier à charge, la porte-parole de Donald Trump, Sarah Sanders, avait en effet initialement indiqué que « l’Iran a un programme nucléaire clandestin », autrement dit qu’il violait le compromis.

Le communiqué a ensuite été corrigé pour indiquer que l’Iran « avait » un tel programme avant le compromis historique construit laborieusement par l’administration précédente. Le lendemain, interrogée à ce propos lors d’un briefing avec la presse, la porte-parole avait assuré que « la plus grande erreur a consisté pour l’administration Obama à s’engager dans cet accord ».