Guillaume Seznec en 1947sur le paquebot « Colombie », qui le ramène en France après plus de vingt années de bagne. / Collection Denis Seznec.

Plus qu’un rebondissement, une redite. Dans un témoignage diffusé dimanche 6 mai sur France 2, deux petits-fils de Guillaume Seznec affirment que le meurtre du conseiller général du Finistère Pierre Quéméneur, le 27 mai 1923, n’a pas été commis par leur grand-père mais par sa femme, Marie-Jeanne Seznec. Comme le relève le quotidien Ouest-France, les deux hommes avaient déjà fait ce récit à une ancienne journaliste passionnée par l’affaire, qui l’avait relaté sur son blog.

Jean-Yves et Gabriel Seznec s’appuient sur les confidences de leur père, « petit Guillaume », en 1978. A 12 ans, il fut le témoin des faits qui se sont produits dans la maison familiale de Morlaix. « C’était un dimanche, d’après lui. Il était dehors. Il jouait dans la cour, et il a entendu sa mère crier, se débattre, qui se faisait agresser en gros. Il est allé à la fenêtre et il a vu Quéméneur par terre, allongé, recroquevillé sur lui. Et il y avait la bonne aussi qui était là. Et Quéméneur était mort », a confié Gabriel.

« La grand-mère, elle s’est défendue. Elle a eu un geste de défense, poursuit Jean-Yves. Notre père n’a pas vu tomber Quéméneur, mais il était par terre quand il a regardé par la fenêtre. Cela a duré quelques secondes entre le moment où sa mère a crié et le moment où il a regardé à la fenêtre. »

« Sa mère lui a dit qu’elle avait levé la main parce que Quéméneur l’avait agressée un peu, enfin, tripotée quoi… Et il ne s’est jamais relevé, poursuit Gabriel qui commente : Ils n’ont pas voulu sa mort, c’est un homicide involontaire finalement. »

Le corps introuvable

Le corps fut recouvert d’un drap par la bonne. Quand Guillaume Seznec est arrivé, il était « effondré ». « Grand-père a appelé en fin de journée un de ses meilleurs amis pour enlever le corps. On ne sait pas ce qu’ils ont fait », selon l’un des petits-fils.

Les témoins de la scène ont juré à Seznec de garder le secret. Pourtant, Marie-Jeanne Seznec finira par craquer devant les enquêteurs. « Elle a avoué aux gendarmes mais elle n’a pas été crue. »

Ces témoignages confirment largement la thèse développée par l’ex-avocat de la famille Denis Langlois, auteur du livre Pour en finir avec l’affaire Seznec paru en 2015. Ce dernier a lancé en février dernier des fouilles dans l’ancienne maison des Seznec pour retrouver le corps de Pierre Quéméneur. Sans succès.

Guillaume Seznec a été condamné au bagne à perpétuité pour le meurtre. Il y passa vingt ans avant d’être gracié. Il a toujours clamé son innocence et demandé sa réhabilitation, un combat mené aussi par ses descendants depuis sa mort en 1954.

L'affaire Seznec, près de cent ans de démêlés judiciaires