Attentat au couteau : deux femmes proches de l’assaillant interpellées jeudi
Attentat au couteau : deux femmes proches de l’assaillant interpellées jeudi
Le procureur de la République de Paris, François Molins, a apporté des précisions à propos de l’enquête sur l’attaque djihadiste au couteau qui a fait un mort samedi à Paris.
François Molins, le procureur de la République de Paris, lors d’une intervention face à la presse, le 12 mai. / THOMAS SAMSON / AFP
Le procureur de la République de Paris, François Molins, a détaillé lors d’une conférence de presse, jeudi 17 mai, l’attentat au couteau revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), qui a fait un mort ce week-end, à Paris. Le procureur a également abordé l’avancée de l’enquête, annonçant l’interpellation de deux femmes, jeudi après-midi, en région parisienne.
Refusant de donner de plus amples informations sur le profil des deux suspectes, M. Molins a seulement précisé qu’elles étaient « proches » de Khamzat Azimov, l’auteur de l’attaque abattu par la police, et d’Abdoul Hakim A., un ami interpellé dimanche à Strasbourg. Ce dernier doit être présenté jeudi à un juge parisien en vue d’une éventuelle mise en examen, a précisé M. Molins.
- Le profil du proche de Khamzat Azimov se précise
Abdoul Hakim A., fiché S pour radicalisation depuis juin 2016 mais sans antécédents judiciaires, « a contesté une quelconque participation [et] implication dans la préparation et la commission des faits et tout lien récent avec Khamzat Azimov, prétendant ne pas l’avoir vu et contacté depuis plusieurs mois », a déclaré le procureur. « Les enquêteurs cherchent à savoir si Abdoul Hakim a pu influencer dans sa quête djihadiste Azimov, voire avoir eu connaissance du projet de ce dernier », a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
Abdoul Hakim A. était suivi par les services de renseignement depuis son mariage religieux avec une femme radicalisée vivant en Ile-de-France, et qui avait tenté de partir en Syrie.
Le père d’Abdoul Hakim A. a confié aux enquêteurs son « inquiétude » face à la radicalisation de son fils, évoquant un drapeau noir de l’EI à son domicile. Les perquisitions qui y ont été menées ont confirmé les doutes. Sept téléphones ont été saisis mais le portable qu’il utilisait le plus souvent demeure introuvable. « Il a indiqué l’avoir égaré le matin même » de son interpellation, a rapporté M. Molins.
Les investigations sur sa ligne téléphonique ont cependant permis d’établir que, peu avant l’attaque, Abdoul Hakim a adressé à sa sœur, via une messagerie instantanée, « un chant djihadiste régulièrement repris par l’Etat islamique », a indiqué François Molins.
- Le profil de l’auteur de l’attaque
M. Molins est également revenu sur le profil de Khamzat Azimov, né en novembre 1997 en Tchétchénie, avant d’arriver en France avec ses parents en 2004, période à laquelle cette république musulmane russe du Caucase traversait une deuxième guerre, après celle des années 1990. Après avoir bénéficié du statut de réfugié, Khamzat Azimov obtient la nationalité française en 2010, en même temps que sa mère, qui avait fait une demande de naturalisation. Il est alors âgé de 13 ans.
En 2016, à 19 ans, il apparaît dans les radars des services antiterroristes en raison de ses liens avec un groupe de jeunes souhaitant gagner la Syrie, dans lequel figure également son ami Abdoul Hakim A., d’origine russe lui aussi. Ce dernier est arrivé en France à la même période, en 2005, s’installant à Strasbourg, après avoir vécu quelques années en Vendée. C’est en banlieue de cette ville, à Schiltigem, une ville connue pour avoir vu transiter plusieurs candidats au djihad, que les deux hommes se sont rencontrés.
Khamzat Azimov n’a jamais été condamné ou mis en cause par une enquête. Il était toutefois inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste et faisaient l’objet d’une fiche S, en raison de ses liens avec la mouvance islamiste, notamment avec Abdoul Hakim A., a fait savoir le procureur de la République de Paris. Pour ces raisons, « ils avaient été entendus quelques mois auparavant comme témoins, en avril 2017, dans le cadre d’une procédure », a ajouté M. Molins, « évoquant des liens d’amitié profonds » entre les deux hommes.
Placés en garde à vue après l’attaque, avant d’être libérés, les parents de l’auteur de l’attentat ont décrit un « étudiant timide », ayant certes une pratique religieuse, mais « irrégulière ». Les perquisitions ont toutefois permis de « saisir un ordinateur dont l’analyse a mis en évidence des recherches sur Internet en lien avec la Syrie », a détaillé M. Molins, précisant que Khamzat Azimov suivait des études d’infirmier, avant d’avoir raté sa première année de médecine. Ses parents l’ont reconnu dans la vidéo d’allégeance au groupe Etat islamique, tournée dans un bois par temps pluvieux et diffusée par Aamaq, l’organe de propagande de l’EI, où l’on voit le jeune homme masqué.
- Des précisions sur l’attentat ?
Le procureur a précisé que l’attaque de samedi avait fait cinq blessés, dont deux graves, et non quatre comme indiqué jusqu’à présent. L’assaillant a par ailleurs occasionné « dix plaies » au jeune homme mort lors de l’attentat, Ronan Gosnet, dont l’une est « compatible avec une tentative d’égorgement », a ajouté M. Molins.
Cette attaque a porté à 246 le nombre de personnes tuées dans la vague d’attentats djihadistes qui touche la France depuis 2015.