Cannes 2018 : « Miraï, ma petite sœur », un précis de l’enfance
Cannes 2018 : « Miraï, ma petite sœur », un précis de l’enfance
Par Mathieu Macheret
A la Quinzaine, le Japonais Mamoru Hosoda évoque, en animation, les émois des premières années.
Mamoru Hosoda sur la terrasse Albane de l’hôtel Marriott à Cannes, le 16 mai 2018. / STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »
La fiction traditionnelle ayant du mal à diriger les très jeunes enfants, c’est au cinéma d’animation que revient souvent la prérogative de saisir la mobilité particulière du bas âge, instinctive et pleine de grâces. L’animation japonaise s’en est fait une spécialité. Après des fleurons du genre comme Mon voisin Totoro (1988), de Hayao Miyazaki, ou Le Tombeau des lucioles (1988), d’Isao Takahata, c’est au tour de Mamoru Hosoda (Summer Wars, Le Garçon et la Bête), fer de lance d’une nouvelle génération d’animateurs, de se prêter à l’exercice avec son dernier long-métrage, au programme de la Quinzaine.
Kun, petit garçon enjoué, assiste à l’arrivée dans son foyer de Miraï (prénom qui signifie « l’avenir »), sa petite sœur, un nourrisson qui accapare désormais toute l’attention de ses parents. Dérangé et jaloux, Kun va devoir apprendre à lui faire une place. Miraï, ma petite sœur retrace ainsi le processus émotionnel qui mène doucement le petit garçon du rejet à l’acceptation, qui n’est autre que la création d’un lien affectif envers cette sœur importune.
Tranches de vie
La beauté du film, qui ne sort presque pas du périmètre de la maison, tient à son observation fine des gestes, attitudes et expressions de la petite enfance : descendre un escalier, faire du vélo, réclamer l’attention des adultes, piquer une grosse colère… Autant de tranches de vie qui composent un précis du comportement enfantin. Sentant là une forme de restriction, Hosoda a cru bon d’étayer son étude avec des passages fantasmagoriques qui complexifient inutilement la fiction.
Mamoru Hosoda sur la terrasse Albane de l’hôtel Marriott à Cannes, le 16 mai 2018. / STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »
Miraï n’en demeure pas moins un film émouvant, par le caractère réciproque qu’il confère à l’apprentissage. Car il ne revient pas seulement au bambin farouche d’apprendre à partager, mais aussi aux parents inexpérimentés d’assimiler leurs rôles d’éducateurs, ce qui n’a rien d’évident (notamment pour le personnage, assez rare, du père au foyer). Ici, l’enfance ne désigne pas seulement un âge, mais aussi le tâtonnement universel des premières fois.
MIRAI - Official Trailer
Durée : 01:01
Film d’animation japonais de Mamoru Hosoda (1 h 38). Sortie en salle prochainement. Sur le Web : www.mirai-lefilm.com/presse et www.quinzaine-realisateurs.com/film/mirai