Christopher Wylie devant le comité judiciaire du Sénat des États-Unis, mercredi 17 mai 2018. / MANDEL NGAN / AFP

Christopher Wylie, le lanceur d’alerte qui a contribué à créer la société d’analyse de données britannique Cambridge Analytica (CA) avant de dénoncer ses dérives et de plonger Facebook dans la tourmente, était entendu, mercredi 16 mai, par le comité judiciaire du Sénat des Etats-Unis (Senate Judiciary Committee) dans le cadre d’une audition intitulée « Cambridge Analytica et le futur de confidentialité des données ». Il s’exprimait à propos des interférences dans l’élection présidentielle américaine de 2016.

Christopher Wylie a fourni à cette commission des documents sur la manière dont Cambridge Analytica collectait les données personnelles et a décrit les discussions au sein de la société. Il a notamment affirmé que Cambridge Analytica avait eu recours à des chercheurs russes et avait partagé des données avec des entreprises liées aux services de renseignement russes.

Il a notamment évoqué le chercheur russe Aleksandr Kogan, qui a développé une application de tests psychologiques ayant permis de collecter les données personnelles d’utilisateurs de Facebook, ensuite transmises à CA. Selon lui, M. Kogan travaillait en même temps sur des projets financés par des Russes.

Utilisation de chercheurs russes

Christopher Wylie a encore affirmé que Cambridge Analytica « utilisait des chercheurs russes pour rassembler ses données et avait ouvertement partagé des informations sur des rumeurs de campagne » avec des entreprises et des cadres liés aux services de sécurité russes (FSB).

Le lanceur d’alerte a expliqué que les électeurs noirs avaient été précisément ciblés aux Etats-Unis en 2016. Selon lui, la stratégie était de décourager cet électorat généralement plus acquis au Parti démocrate, d’aller voter.

Affaire Facebook-Cambridge Analytica : notre entretien avec le lanceur d’alerte Christopher Wylie
Durée : 03:02

Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, souhaitait mener une « guerre culturelle » en utilisant les données personnelles de millions d’internautes lors de la présidentielle américaine de 2016, a expliqué un lanceur d’alerte lors d’une audition mercredi devant la commission des affaires judiciaires du Sénat américain.

Un autre témoin entendu par la commission sénatoriale, le professeur Eitan Hersh de l’université de Tufts s’est dit « sceptique » concernant l’efficacité de tels messages politiques et d’un tel ciblage des électeurs. « Personne ne peut être persuadé tout le temps », a-t-il noté.

Le New York Times a rapporté mardi que le FBI et le ministère de la justice enquêtaient sur Cambridge Analytica pour déterminer si les données collectées par la firme ont permis d’influencer la campagne remportée par Donald Trump. On ne sait cependant pas clairement, selon le quotidien, si cette enquête est liée à celle du procureur spécial Robert Mueller sur une éventuelle collusion avec la Russie pour faire élire M. Trump.