Meghan Markle épouse le prince Harry : « Les dreadlocks font leur entrée à Windsor »
Meghan Markle épouse le prince Harry : « Les dreadlocks font leur entrée à Windsor »
Par Philippe Bernard (Londres, correspondant)
Pour les milliers de fans de la famille royale venus assister au mariage, cette union « marque un nouveau départ pour la monarchie ».
Windsor en pleine fièvre du mariage princier
Tout est si British : la fanfare des horse guards, les bibis turquoise façon soucoupe volante, les Union Jacks flottant autour des murailles de Windsor, et même les sans-abri allongés sur High Street. Tout sauf le temps, resplendissant, quasi méditerranéen, reflet de l’humeur des milliers de personnes massées tout au long du parcours que doivent emprunter, après leur mariage, Meghan Markle et le prince Harry. « Fantastic », « incredible », « gorgeous ». Aucun superlatif ne suffit à la foule qui patiente depuis le petit jour pour décrire l’événement et son excitation. « Ce jour marque un nouveau départ pour la monarchie, s’enthousiasme Jayne Matthew, une secrétaire à la retraite qui a quitté sa maison de l’Essex à 3 h 30 pour être sûre d’être aux premières loges. Ils se mettent au niveau [they come down] des gens. William et Harry ont choisi leur épouse. Cela les rapproche des gens ordinaires. J’aime l’histoire et je n’aimerais pas voir ce pays sans monarchie. Elle nous rassemble et force le respect. »
Michael et Jacqueline, un couple de quinquagénaires jouent chacun à attribuer à l’autre la responsabilité de leur présence et des sept heures de voiture qu’ils ont endurées pour venir du Northumberland. « Je voulais regarder le match [la finale de la coupe d’Angleterre] mais elle est royaliste et a absolument voulu venir. J’ai fait ça pour elle », sourit-il. En réalité, tous les deux sont des fans des Royals, comme les Britanniques nomment la famille Windsor. « Ma grand-mère nous faisait nous lever quand on jouait God Save the Queen à la fin des émissions de la BBC. Elle m’a contaminée. J’ai hérité de ça. C’est une partie de moi-même en tant que Britannique, un lien à notre histoire. » « Après tout, vous avez un président qui se prend pour un roi, renchérit son mari. Une reine à plein temps, c’est tout de même plus chic. »
« Une descendante d’esclaves dans la famille royale »
Parmi le public plane l’ombre d’une disparue aimée, Diana. « Les garçons [William et Harry] ont gardé son esprit, entend-on. Ils vont vers les gens, les malades et les faibles. Diana aurait bien accueilli Meghan, elle aurait été heureuse aujourd’hui. » L’idée aussi que Meghan Markle, extravertie, tournée vers les autres, défenseuse des droits des femmes, va prendre la relève. « Meghan n’appartient pas à l’establishment et elle parlera pour les femmes », espère-t-on. Peut-on être « royal » et « normal » ? Rompre avec la stricte neutralité qui a assuré la popularité de la reine Elizabeth depuis soixante-cinq ans ? « Meghan », qui dans sa vie d’« avant » a soutenu Hilary Clinton dans la campagne présidentielle américaine et des ONG humanitaires, se conformera-t-elle aux rigidités du protocole royal ? « Je suis américaine, j’embrasse les gens » [I’m American, I hug »], a-t-elle répondu quand les gardiens de l’étiquette lui ont fait remarquer que cela ne se faisait pas chez les « Royals ».
Dans le train qui, de la gare de Waterloo, transporte les groupies à Windsor, Denise Crawford, une Jamaïcaine de New York, qui a spécialement traversé l’Atlantique pour l’occasion, donne à la cérémonie un autre sens. « Aujourd’hui une descendante d’esclaves [Meghan Markle est née d’un couple mixte] entre dans la famille royale britannique, qui autrefois bénissait l’esclavage, énonce-t-elle avec émotion. C’est un jour d’espoir pour le mélange des races. » Le nombre de Britanniques d’origine africaine ou antillaise présents dans la foule de Windsor suggère que la greffière venue de Brooklyn n’est pas seule à voir les choses ainsi. Elle se plaît à rappeler l’anecdote rapportée par la mariée du jour dans une interview au magazine Elle. Sommée à l’école de choisir entre les cases « Blanche » et « Noire » sur sa fiche d’identité, Meghan Markle refusa, pour ne pas trahir sa mère, de suivre la consigne d’un professeur de cocher la première, « parce que tu parais blanche ». Et si on le lui redemandait, son père lui conseilla : « Dessine ta propre case. » C’est devenu sa règle de vie. « Je n’aime pas l’histoire de la famille royale, conclut Denise Crawford. Mais aujourd’hui, l’Empire britannique se désintègre. Les dreadlocks [portés par Doria Ragland, la mère de Meghan Markle] font leur entrée à Windsor ! »
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Durée : 03:28