Pyongyang demande à Séoul le rapatriement des serveuses nord-coréennes
Pyongyang demande à Séoul le rapatriement des serveuses nord-coréennes
Le Monde.fr avec AFP
La Corée du Nord a réclamé samedi le retour au pays de 12 serveuses nord-coréennes qui sont parties en Corée du Sud en 2016, possiblement contre leur gré.
Après l’annulation par la Corée du Nord de discussions de haut niveau avec le Sud, pour protester contre des exercices militaires entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, est-ce un motif de crispation supplémentaire sur la péninsule coréenne ? Pyongyang a demandé samedi soir à Séoul de rapatrier au Nord 12 serveuses nord-coréennes. Celles-ci auraient fait défection en 2016… Peut-être de manière forcée. Pyongyang affirmait alors qu’elles avaient été enlevées et Séoul répétait qu’elles avaient fait défection de plein gré.
Le cas des 12 serveuses pourrait de nouveau compliquer les relations intercoréennes, selon un communiqué publié samedi soir par l’agence officielle nord-coréenne KCNA. « Les autorités sud-coréennes devraient renvoyer sans délai nos citoyennes auprès de leurs familles et montrer ainsi leur volonté d’améliorer les relations Nord-Sud », peut-on lire dans celui-ci.
D’autant que, dans le programme « Spotlight » de la chaîne de télévision JTBC – l’une des émissions d’enquête les plus en vue de Corée du Sud – le gérant du restaurant nord-coréen de la localité chinoise de Ningbo où travaillaient les serveuses a récemment affirmé que ces dernières avaient en fait été piégées par le renseignement sud-coréen. Il a expliqué avoir été recruté par le service national du renseignement sud-coréen (NIS) en 2014 en Chine. Deux ans après, craignant d’être démasqué, il aurait demandé au service d’espionnage d’organiser sa défection. A la dernière minute, le NIS lui aurait demandé de venir avec ses employées.
« Le gérant Heo nous a menacées », confie l’une des serveuses nord-coréennes
Les serveuses n’avaient, selon lui, appris leur destination que lorsqu’elles s’étaient retrouvées devant l’ambassade de Corée du Sud en Malaisie. « Les 12 serveuses ne savaient pas où elles allaient », assure le gérant du restaurant. « Je leur ai dit qu’on changeait d’endroit », ajoute-t-il.
L’une d’elles, interviewée dans l’émission, raconte également dans cette même enquête qu’elles avaient hésité devant l’ambassade : « Le gérant Heo nous a menacées, a dit qu’il raconterait aux autorités qu’on regardait des séries télévisées sud-coréennes et que nous serions exécutées, ou exilées en province, et que nos familles seraient également touchées. »
Après des années de tensions autour des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang, les relations intercoréennes ont connu une remarquable détente ces derniers mois, notamment avec le sommet historique entre le leader nord-coréen Kim Jong-un et le président sud-coréen Moon Jae-in, le 27 avril. Ce processus a été marqué par la libération par le Nord de trois prisonniers américains et par une invitation adressée à des médias étrangers pour couvrir la fermeture prochaine du site d’essais nucléaires nord-coréen, avant un sommet prévu à Singapour entre M. Kim et le président américain, Donald Trump.