En Guinée, Ibrahima Kassory Fofana devient premier ministre
En Guinée, Ibrahima Kassory Fofana devient premier ministre
Le Monde.fr avec AFP
Membre du gouvernement sortant, l’économiste de 64 ans a été nommé par le président Alpha Condé à la tête de la prochaine équipe gouvernementale.
Ibrahima Kassory Fofana à Conakry, en février 2012. / CELLOU BINANI / AFP
Un économiste de 64 ans, Ibrahima Kassory Fofana, membre du gouvernement sortant, a été nommé lundi 21 mai premier ministre de Guinée par le président Alpha Condé, selon un décret lu dans la soirée sur les médias d’Etat. Ministre chargé des investissements et des partenariats publics-privés dans le gouvernement sortant, il doit « proposer un nouveau gouvernement dans les meilleurs délais », selon la même source.
M. Fofana remplace Mamadi Youla, qui avait présenté sa démission et celle de son gouvernement jeudi 17 mai, deux mois après la promesse du président guinéen de procéder à un « grand remaniement ministériel » après une série de grèves et de manifestations, dont certaines meurtrières. M. Fofana était un adversaire tenace d’Alpha Condé, opposant historique en Guinée, sous le régime du général Lansana Conté (1984-2008), dont il était très proche.
Après l’élection d’Alpha Condé en 2010, les deux hommes s’étaient rapprochés. Economiste de formation, le nouveau premier ministre a été dans les années 1970-1980 un haut responsable aux ministères de la coopération internationale puis du plan. Il deviendra par la suite ministre du budget et de la restructuration du secteur parapublic en 1996, puis ministre de l’économie et des finances de 1996 à 2000, avant d’être limogé par Lansana Conté.
Après un exil volontaire à Dakar puis aux Etats-Unis, il était rentré en Guinée, où il fonda le parti Guinée pour tous (GPT) en octobre 2009. Candidat à la présidentielle de 2010, il avait remporté 0,66 % des suffrages.
Manifestations entachées de violences
Le 8 mars, après des semaines de manifestations organisées par les syndicats d’enseignants pour réclamer des augmentations de salaires et par l’opposition pour contester le résultat des élections locales du 4 février, le chef de l’Etat avait été hué par des centaines de femmes lors d’une cérémonie. Il avait alors promis de se mettre à l’écoute « de la majorité silencieuse » et de procéder ensuite à un « grand remaniement ministériel ».
Le conflit dans l’enseignement a pris fin quelques jours plus tard, après un accord sur les salaires, mais l’opposition conteste toujours la victoire aux élections locales du 4 février du parti au pouvoir, le RPG, face à l’UFDG de l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, principal opposant au président Alpha Condé.
Début avril, l’opposition avait suspendu ses manifestations de rue afin d’entamer un dialogue avec le pouvoir. Dénonçant le manque de volonté politique de la mouvance présidentielle, elle a organisé une nouvelle journée « ville morte » à Conakry le 14 mai.
Après une intervention des ambassadeurs notamment des Etats-Unis et de l’Union européenne, qui ont proposé une médiation selon M. Diallo, l’opposition a annoncé une nouvelle « suspension » de ses manifestations, tout en confirmant son boycott du « dialogue interguinéen » sur le contentieux électoral.
Les deux mois de manifestations de l’après-scrutin, entachées de violences, avaient fait au moins douze morts. Selon l’opposition et les comptages de la presse et des ONG de défense des droits l’homme, 94 opposants ont été tués en Guinée, en majorité par balle, au cours de manifestations politiques depuis avril 2011.