La France veut multiplier par cinq les ventes de voitures électriques d’ici à 2022
La France veut multiplier par cinq les ventes de voitures électriques d’ici à 2022
Le Monde.fr avec AFP
Un ensemble d’engagements réciproques ont été pris entre le gouvernement et la filière automobile pour assurer l’avenir de cette industrie cruciale pour l’économie du pays.
Renault est déjà un leader mondial de l’électrique, un marché dont il a été l’un des précurseurs avec, notamment, sa citadine Zoé. / Thibault Camus / AP
Cinq fois plus de ventes de voitures 100 % électriques. C’est l’objectif, d’ici à 2022, du gouvernement qui a présenté, mardi 22 mai, un « contrat stratégique de la filière automobile ». Ce contrat, élaboré par les ministères de l’économie, de l’environnement et des transports avec les entreprises de l’automobile, prévoit un ensemble d’engagements réciproques pour assurer l’avenir de cette industrie cruciale pour l’économie du pays.
Ainsi, le gouvernement souhaite vendre environ 150 000 véhicules 100 % électriques sur le marché français en 2022 (utilitaires compris), contre 30 000 l’an dernier. A cette date, le gouvernement vise 600 000 véhicules électriques en circulation, auxquels s’ajouteraient 400 000 hybrides rechargeables.
Parallèlement, Matignon espère voir émerger dans le pays et en Europe « une offre industrielle dans le domaine des batteries » alors que de nombreux spécialistes s’inquiètent de la mainmise de l’Asie, notamment de la Chine, dans ces technologies-clés.
Essor des bornes de recharge
Le contrat prévoit également l’essor des bornes de recharge, avec pour but d’atteindre 100 000 bornes en 2022, soit une pour dix véhicules électriques en circulation. L’Etat promet, lui, qu’il « assurera un cadre juridique et financier favorable à l’installation de bornes de recharge » et qu’un « soutien financier au déploiement des bornes sera mis en œuvre », avec, en particulier, « une plus grande prise en charge des coûts de raccordement des bornes jusque fin 2021, financée par le réseau électrique ».
Le réseau français peut-il supporter des millions de voitures électriques ?
Lorsqu’il a fixé, en juillet, l’objectif de cesser la commercialisation de voitures roulant à l’essence ou au gazole en France d’ici à 2040, Nicolas Hulot, le ministre de la transition écologique et solidaire, a admis qu’il s’agissait là d’une « véritable révolution ». Si l’arrivée massive de voitures électriques va avoir un impact sur les conducteurs et sur les constructeurs, il pose aussi des questions pour le réseau.
Selon les prévisions, on pourrait trouver entre 6 et 9 millions de véhicules électriques sur la route en 2030. « Aujourd’hui le réseau est tout à fait adapté, estime Philippe Monloubou, mais au fur et à mesure que le nombre de véhicules électriques se multiplie, cela peut devenir un vrai challenge. » L’enjeu n’est pas tant l’accroissement de la consommation – évaluée autour de 8 % – que la charge sur un laps de temps court.
« Pour une charge très rapide, l’appel de puissance peut être équivalent à celle nécessaire pour un immeuble entier, explique le président du directoire d’Enedis. Prenez un immeuble avec des parkings de 100 voitures chacun. Si, demain, elles sont toutes branchées entre 18 heures et minuit, au moment de la pointe de consommation, l’impact potentiel sur le réseau peut devenir très significatif. »
A l’heure actuelle, les solutions pour éviter une surcharge du réseau ne sont pas encore opérationnelles reconnaît M. Monloubou. « Il y a plusieurs pistes à l’étude, mais aucune ne s’impose encore. Nous travaillons sur différentes formules de gestion intelligente de la charge. Par exemple, on peut imaginer que pendant la journée, on charge des batteries au moment où la puissance est disponible dans un immeuble d’habitation, et cette puissance est réutilisée la nuit pour charger les voitures, pour ne pas peser sur le réseau », explique-t-il, s’estimant confiant sur la capacité d’Enedis à faire face à ses enjeux d’ici à 2020.
Un deuxième volet du plan concerne les véhicules autonomes. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait annoncé la semaine dernière que la France allait autoriser les tests de véhicules sans conducteur dès 2019.
« L’Etat lancera en juin un appel à projets, doté de 40 millions d’euros, visant à soutenir un programme d’expérimentations de véhicules autonomes représentant plus de 200 millions d’euros d’investissements », souligne le contrat de filière.
Le gouvernement s’engage aussi à « accompagner » l’évolution des besoins de compétences et prévoit une augmentation de 50 % du nombre d’apprentis dans la filière automobile d’ici à 2022.
« Concurrence féroce »
Constructeurs et équipementiers automobiles français affichent depuis deux ans une excellente santé, après plusieurs années de crise.
Mais ils doivent « s’armer pour relever [d’]immenses défis (…) : concurrence féroce de nouveaux entrants, impératifs environnementaux, irruption du numérique à tous les étages, nouvelles mobilités et attentes sociétales », estime Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, qui représente la filière.
Renault est déjà un leader mondial de l’électrique, un marché dont il a été l’un des précurseurs avec, notamment, sa citadine Zoé. PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall) prévoit d’ailleurs d’électrifier tous ses nouveaux modèles à partir de l’an prochain.