Épargne-retraite : faut-il alimenter ses contrats ?
Épargne-retraite : faut-il alimenter ses contrats ?
Par Nathalie Cheysson-Kaplan
Avec la mise en place du prélèvement à la source et l’annulation de l’impôt à payer sur les revenus courants de 2018, l’incitation fiscale à l’entrée pour le Perp et le Perco ne jouera pas cette année. Ce n’est pas une raison pour bouder ces produits.
Pour éviter que les contribuables ne diminuent le montant de leurs versements en 2018 et les reportent en 2019, une mesure a été adoptée. / Achim Sass/Westend61 / Photononstop
La quasi-totalité des produits d’épargne retraite, à l’exception notable du plan d’épargne retraite collectif (Perco), sont assortis d’un avantage fiscal à l’entrée. Cet avantage prend la forme d’une déduction du revenu global pour les versements effectués sur un plan d’épargne retraite populaire (Perp) ou à la Préfon pour les fonctionnaires, et d’une déduction des bénéfices professionnels pour les cotisations versées sur un contrat Madelin réservé aux indépendants.
Dans un cas comme dans l’autre, ces déductions permettent aux futurs retraités de réaliser une économie d’impôt sur le revenu d’autant plus importante qu’ils sont fortement imposés. Mais avec la mise en place du prélèvement à la source, et l’annulation de l’impôt à payer sur les revenus courants de 2018, cette incitation fiscale à l’entrée ne jouera pas cette année.
Aussi pour éviter que les contribuables ne diminuent le montant de leurs versements en 2018 et les reportent en 2019, une mesure anti-optimisation a-t-elle été adoptée dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2017.
Cette mesure ne concerne toutefois que les cotisations versées sur un Perp, à la Préfon ainsi que les versements individuels facultatifs (VIF) effectués sur un plan d’épargne retraite entreprise (Pere). Elle ne vise pas les contrats Madelin pour lesquels un versement de cotisations minimum est obligatoire chaque année.
Cette mesure prévoit que si les versements de 2018 sont inférieurs à la fois à ceux de 2017 et de 2019, vous ne pourrez déduire en 2019 que la moyenne des versements effectués en 2018 et 2019. Autrement dit, si vous ne versez rien cette année ou moins que ce que vous avez l’habitude de verser sur votre contrat et décidez de rattraper le tir en 2019, vous serez pénalisé.
Par exemple, si vous aviez versé 4 000 euros sur votre Perp en 2017, et si vous ne versez que 1 000 euros cette année et reportez vos versements sur 2019 en effectuant un versement de 7 000 euros, vous ne pourrez déduire que 4 000 euros !
« Cette mesure ne pénalise que ceux qui avaient un Perp ou d’un produit d’épargne retraite assimilé en 2017. Pour les quelque 90 % de français qui n’ont pas de Perp, elle n’a aucune incidence. Pour ceux qui avaient l’intention d’ouvrir un Perp en 2018, ce n’est pas la bonne année. Ils auront intérêt à attendre une année de plus et à se rattraper en 2019 et à verser en une seule fois ce qu’ils avaient prévu d’étaler sur 2018 et 2019. La totalité de leurs versements de 2019 sera déductible, sous réserve de respecter le plafond de déduction » suggère Pierre-Emmanuel Sassonia, responsable de l’épargne retraite individuelle chez Eres.
Et pour les autres ? Sachant que la majorité des épargnants versent moins de 1 000 euros chaque année sur leur Perp, il peut être judicieux de ne pas diminuer leur effort d’épargne cette année de façon à neutraliser la mesure anti-optimisation prévue par la loi de finances rectificative pour 2017. « En versant la même somme que l’année dernière, ils récupèrent ainsi la possibilité de pouvoir déduire la totalité de leurs versements de 2019 », conseille Pierre-Emmanuel Sassonia.