LES CHOIX DE LA MATINALE

Drôle ou trépidante, les saisons 2 d’ I am Dying Up Here et The Good Fight sont des réussites. En revanche, les fans de Transparent regretteront le départ de son personnage principal, empêtré dans des accusations de comportement inapproprié sur certains tournages.

« I am Dying Up Here » (saison 2) : retour sur scène réussi

I'm Dying Up Here (2018) | Season 2 Official Trailer | SHOWTIME
Durée : 02:20

Il y a quelque chose de très touchant dans la peinture de ce « Comedy Club » de Los Angeles où les différents comiques de stand-up qui s’y produisent reviennent comme dans un refuge protecteur, au fil de leurs aventures et déboires à l’extérieur. Les personnages de la première saison de I am Dying Up Here (coproduite notamment par l’acteur Jim Carrey) sont de retour en saison 2 ; la carrière de certains stagne, d’autres connaissent la gloire : Ron Shack, « loser » présumé, physique lambda, grosses lunettes et cheveux gras, décroche un rôle dans une sitcom idiote, qui le rend soudainement riche et célèbre, tandis que son copain Eddie finit par vendre ses blagues à des comiques invités chez Johnny Carson, l’animateur du très populaire « Tonight Show » sur NBC. Les filles snobaient Ron ? Les voilà sautant désormais dans son lit.

Le personnage de la patronne du club – sorte de maquerelle maternelle –, joué par la formidable Melissa Leo, s’approfondit et se fissure quelque peu à l’occasion du retour de sa fille qu’elle avait déposée un jour dans un établissement psychiatrique. Lorsque l’enfant reparaît, l’addition est salée. On retrouve avec plaisir les années 1970 et ses codes esthétiques (très proches de celles de la série Vinyl), décidément très en vogue, et l’on se réjouit de l’approfondissement politique du récit.

I’m Dying Up Here (saison 2), série créée par David Flebotte. Avec Melissa Leo, Ari Graynor, Clark Duke, Brad Garrett (EU, 2018, 12 x 54 min.) Episodes 1 à 3 sur Canal+ à la demande.

« The Good Fight » (saison 2) au plus près du réel

The Good Fight Season 2 First Look | Rotten Tomatoes TV
Durée : 02:24

Après les sept saisons de The Good Wife (2009-2016), qui eût parié sur le succès d’un spin-off (« dérivé ») sans l’attachant personnage principal, Alicia Florrick, joué par Julianna Margulies ? Pourtant, la saison 1 de The Good Fight (2017), disponible sur Amazon Video, s’est vite imposée non seulement comme sa suite logique, mais aussi comme la régénération d’un genre (série judiciaire dont l’action est sise dans un cabinet d’avocats). Les atouts de The Good Fight ? La mise au premier plan de Diane Lockhart, jouée par l’épatante Christine Baranski, battante au chic imperturbable ; moins de scènes de plaidoiries au tribunal (surtout dans la saison 2, qui vient de s’achever sur le site de vidéo à la demande CBS All Access) ; moins d’affaires grotesques défendues par le cabinet afro-américain où exerce désormais Diane et de juges excentriques.

La force principale de la saison 2 de The Good Fight est sa capacité à se calquer, quasiment en temps réel, sur l’actualité socio-politique nord-américaine, avec une dénonciation sans détour des agissements du président Trump dont on peut imaginer qu’elle ne fera pas de cette série l’une de ses préférées… CBS All Access a désormais signé un contrat de partenariat avec Amazon Video (où la saison 1 de The Good Fight est disponible en intégralité), ce qui permettra à ses abonnés de voir sous peu, on l’espère, cette formidable saison 2.

The Good Fight (saison 2), série créée par Michelle et Robert King. Avec Christine Baranski, Cush Jumbo (EU, 2018, 13 x 49-55 min.)

« Transparent » (saison 4) : le chant du cygne ?

Transparent Season 4 - Official Trailer | Prime Video
Durée : 01:58

Dénoncé pour avoir eu des « comportements inappropriés » avec deux femmes transgenres (son ancienne assistante Van Barnes et l’actrice Trace Lysette) sur le plateau de Transparent, Jeffrey Tambor a été contraint de se retirer de cette série exemplaire et attachante, créée par Jill Soloway en 2014. Le riche et étonnant sujet qu’était l’évolution de Mort Pfefferman, père de famille septuagénaire décidant de devenir Maura, une femme transgenre, pouvait semble-t-il continuer d’inspirer longtemps ses remarquables auteurs. Mais, par la disparition de son personnage principal, désormais confirmée après quelques moins d’atermoiements, Transparent s’est trouvée bloquée dans son processus narratif et sa production.

La cinquième saison, qui aurait dû être diffusée en 2018, ne le sera qu’en 2019. Surtout, elle sera la dernière. Malgré les accusations qui pèsent sur lui, force est de reconnaître que Tambor y était proprement génial. De sorte qu’on doute, en dépit du talent de l’équipe réunie par Jill Soloway, que Transparent, sans sa formidable présence, puisse gagner à connaître une saison supplémentaire. D’autant que la quatrième, en cours de rediffusion sur OCS, se termine d’une manière telle qu’elle pourrait offrir une conclusion acceptable à cette série qui nous aura passionnés depuis le début et dont on craint qu’elle tombe en capilotade.

Transparent, saison 4, série créée par Jill Soloway. Avec Jeffrey Tambor, Judith Light, Amy Landecker (EU, 2017, 10 x 30 min.). A la demande sur OCS Go. Les deux premières saisons sont disponibles sur Amazon Video.