Contre l’utilisation abusive de plastique, les « Plastic attacks » arrivent en France
Contre l’utilisation abusive de plastique, les « Plastic attacks » arrivent en France
Par Patricia Jolly
Une journée de mobilisation est programmée samedi 2 juin dans des enseignes de grande distribution dans les villes de plusieurs pays
Emballages en plastique utilisés en l’espace d’une semaine par une famille écossaise, le 28 mai à Pitlochry. / RUSSELL CHEYNE / REUTERS
Des animations d’un genre un peu particulier promettent d’égayer la corvée hebdomadaire du ravitaillement au supermarché dans les mois à venir. Samedi 2 juin, plusieurs enseignes de grande distribution de Paris, Hyères, Le Mans, Lille, Nouméa, Montaigu, Quimper, Strasbourg ou Toulouse seront le théâtre d’une série de « Plastic attacks », des actions qui promeuvent une réduction substantielle de l’utilisation des plastiques à usage unique et le suremballage. Des opérations similaires sont également programmées, le même jour, dans plus de 50 villes du monde, et se déclineront à d’autres dates tout au long de l’été.
Mouvement citoyen, Plastic attack gagne tranquillement du terrain. Il a vu le jour le 27 mars, à Keynsham (Royaume-Uni), une ville de 16 000 habitants proche de Bristol. Vingt-cinq clients s’étaient donné rendez-vous dans leur supermarché habituel pour faire leurs emplettes. Une fois passés à la caisse, ils ont dégainé ciseaux et cutters afin de libérer leurs achats des emballages inutiles, qu’ils ont ensuite déposés dans des chariots vides devant le magasin. Trois ont ainsi été remplis. Diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo de leur action est devenue virale avec près de 17 millions de vues.
Visant à responsabiliser le secteur de la grande distribution sur sa surconsommation de plastiques, souvent superflus, et à affirmer la volonté des consommateurs de voir se développer des alternatives au plastique à usage unique, des « Plastic attacks » ont été rééditées en avril à Amsterdam, Bratislava, Bruxelles ou Oslo avant d’arriver en France.
Pétition en ligne
Le collectif citoyen français est animé par un groupe d’étudiants en master « responsabilité sociale et environnementale » de l’International Terra Institute de Paris qui dispense des formations spécialisées en développement durable. Pour son porte-parole, Arnaud Ramos :
« Au-delà du recyclage, la grande distribution doit changer de politique en matière d’emballages. Ces actions menées par des consommateurs et clients sont un moyen efficace de les interpeller de manière totalement pacifique et apolitique. Pour y participer, il suffit de s’inscrire sur la page Facebook dédiée et de se présenter sur le site choisi et à l’heure convenue pour faire ses courses. »
Soutenue par les ONG Zéro Waste France et Les Amis de la Terre, Plastic Attack France a également lancé, le 28 mai – jour du dévoilement par la Commission européenne d’un projet de directive visant à réduire « drastiquement » l’utilisation des produits en plastique à usage unique quotidien comme les couverts, assiettes ou gobelets, les pailles ou les Coton-Tige – une pétition en ligne sur la plate-forme Change.org. Intitulée « Pour en finir avec les emballages plastique à usage unique », elle s’adresse aux groupes Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché, Leclerc ou Système U. Elle leur enjoint de débarrasser leurs rayons des emballages plastiques destinés à la promotion de produits ou à la protection des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique, des emballages jetables « dont l’innocuité demeure incertaine pour le consommateur », ou encore des bouteilles en plastique.
Le groupe Carrefour dont un magasin parisien du 12e arrondissement doit faire l’objet d’une action, samedi, a rebondi sur l’annonce des « Plastic attacks » imminentes pour se positionner en élève modèle. Dans un communiqué, jeudi 31 mai, l’enseigne a annoncé un objectif de « 100 % d’emballages recyclables, réutilisables ou compostables » pour les produits à la marque de l’enseigne d’ici à 2025, afin de passer du « jetable à une économie circulaire ».
Carrefour appelle à un pacte national
Elle promet également de supprimer les emballages plastique non recyclables des fruits et légumes bio, de cesser la commercialisation des pailles en plastique « dès la fin de l’année » et de substituer progressivement celles des briquettes de jus. Elle annonce encore la fin des barquettes en polystyrène aux rayons boucherie, poissonnerie et fromage. Elle assure enfin que l’ensemble des emballages de ses produits sera recyclable, en commençant par les produits Carrefour bio « dès 2020 », et qu’elle intégrera « dès 2022 », 50 % de plastique recyclé dans ses bouteilles de jus et de soda, et dans ses bouteilles d’eau.
Saluant la « réactivité » du groupe Carrefour, Zéro Waste France, par la voix de sa chargée de campagne, Laura Châtel, reste néanmoins sur ses gardes.
« Nous nous assurerons qu’il ne s’agit pas d’un coup de com et d’une expérimentation ponctuelle réduite à quelques magasins, comme c’est souvent la stratégie de ces grandes enseignes. Pour être crédibles, elles doivent prendre des engagements clairs et détaillés, et fixer et respecter des échéances précises. »
Pour « changer les habitudes », Carrefour appelle à un « pacte national » sur les plastiques pour une économie 100 % circulaire des emballages en France piloté par le gouvernement. « Afin de développer des matériaux de substitution non carbonés alors que le prix du baril de pétrole reste compétitif, il faut créer de la masse, a expliqué au Monde, Laurent Vallée, un énarque secrétaire général du groupe Carrefour. Cela nécessite donc une réponse collective, un mouvement associant les industriels, les pouvoirs publics, les éco-organismes, les distributeurs, les grandes marques. »
#PlasticAttack : pourquoi des clients « attaquent » leurs supermarchés
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