Pour Bill Clinton, Vladimir Poutine sème « la discorde dans les endroits qu’il veut affaiblir »
Pour Bill Clinton, Vladimir Poutine sème « la discorde dans les endroits qu’il veut affaiblir »
Dans un entretien au « Parisien », l’ex-président des Etats-Unis s’en prend à l’homme fort du Kremlin, dont le pays est accusé d’ingérence dans la présidentielle de 2016.
L’ancien président des Etats-Unis, Bill Clinton, en mars 2007. / © Jim Young / Reuters / REUTERS
Un roman policier et une occasion de taper sur la Russie. A l’occasion de la sortie prochaine de son livre, coécrit avec James Patterson (Le Président a disparu, éditions JC Lattès, 400 pages, 23 euros) l’ancien locataire de la Maison Blanche (1993-2001), Bill Clinton a accordé un entretien au Parisien, dimanche 3 juin.
« Aujourd’hui, les enjeux de la cybersécurité sont devenus majeurs dans le monde », insiste le 42e président des Etats-Unis, qui ne mâche pas ses mots contre Moscou, accusé d’ingérence dans les élections de 2016 outre-Atlantique. « Les Russes ont tenté de perturber les scrutins français, allemand, hollandais et ainsi de suite… », argue ainsi M. Clinton.
Et ce dernier de s’en prendre directement à l’homme fort du Kremlin :
« [Vladimir Poutine] est persuadé que même si sa population décroît et que son économie n’est pas si forte que ça, parce qu’il exerce un pouvoir quasi dictatorial et consacre beaucoup d’argent à la modernisation de son appareil militaire, il peut semer la discorde dans les endroits qu’il veut affaiblir. Là où il veut influencer la tournure des événements avec des cyberattaques. Et peu importe si quelqu’un lui fait la même chose : il ne vit pas dans une démocratie, il s’en fiche. »
Ennemis à l’intérieur des frontières
Mais, M. Poutine n’est pas le seul dirigeant à s’attirer les foudres de l’ex-président. « Les démocraties ont beaucoup d’ennemis à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs frontières », avance-t-il, en une pique à peine voilée à l’encontre de l’actuel locataire de la Maison Blanche, Donald Trump.
« L’implosion des médias, la dispersion de l’information, les fake news… (…) cela devient un challenge de diffuser une information en laquelle une majorité de gens va croire », explique M. Clinton. « Il est presque impossible de préserver une démocratie quand vous avez des gens qui ne savent plus si ce qu’ils entendent est vrai ou faux. »
« Beaucoup de choses changent en ce moment aux Etats-Unis (…) Il y a une vraie différence entre ce qu’on lit à la une des journaux et ce qui se passe vraiment. Les politiciens font les gros titres, c’est une chose terrible et c’est ce qui se passe aujourd’hui dans l’univers de Donald Trump. »
Au cours de cet entretien, l’ancien président démocrate, qui jouit toujours d’une forte popularité dans son pays, témoigne aussi de son admiration pour la chancelière allemande Angela Merkel au sujet de la crise migratoire et des espoirs que le chef de l’Etat français lui donnent dans sa gestion de la communication avec les Etats-Unis. Il n’a, en revanche, pas souhaité revenir sur l’échec de son épouse, Hillary Clinton, à la présidentielle de 2016.