Les propriétaires d’une boulangerie tentent d’évacuer l’eau et la boue de leur local, dimanche soir, à Morlaix. / FRED TANNEAU / AFP

« En une demi-heure, on a eu un mois de pluie » : Agnès Le Brun, maire de Morlaix (Finistère) constate avec impuissance les dégâts causés par l’orage qui s’est abattu dimanche 3 juin au soir sur la ville située dans une cuvette et de ce fait habituée des crues. Mais « là, constate-t-elle, il n’y avait vraiment pas grand-chose à faire ».

Le cœur de la petite ville du centre-Finistère – en « vigilance orange » inondations, tandis que huit départements de l’Est du pays étaient encore en « vigilance orange » orages, selon Météo-France – a été submergé en une demi-heure par des eaux qui sont montées de plusieurs dizaines de centimètres et jusqu’à un mètre sur ses quais, à la suite d’un violent orage.

Vers 23 heures, plusieurs rues étaient encore partiellement inondées. Mais l’eau était en train de se retirer, laissant voir plusieurs centimètres de boue sur la chaussée et jusqu’aux façades des immeubles. Plusieurs voitures ont été emportées par les flots, au plus fort de l’inondation, l’une d’entre elles s’est retrouvée dans une des rivières qui traverse la ville, coincée au niveau d’un pont.

« J’ai reçu l’alerte météo à 16 h 35 mais c’était déjà trop tard », raconte l’élue des Républicains (LR). Maintenant, si « le danger s’estompe, on n’est pas à l’abri de nouvelles inondations », avance-t-elle, en bonne connaisseuse de sa ville. « Il n’y a pas eu de dégâts humains, c’était notre priorité », se félicite-t-elle, tout en se montrant prudente : « il faut qu’on aille encore investiguer les parkings souterrains ».

Des habitants relogés

Marie Simon-Gallouedec, adjointe de Mme Le Brun, cheveux complètement trempés, gilet de sécurité, a géré les habitants en difficultés : « On a ouvert un centre de loisirs et une salle à la mairie pour rassembler les gens qui devaient être relogés ».

« Cinq personnes ont été mises à l’abri à l’hôtel. On a de la chance malgré tout, parce qu’on a très peu de logements en rez-de-chaussée, c’est surtout des commerces », dit-elle, décrivant les « flots d’eau qui se sont soudainement déversés dans les rues ». « C’est dangereux car il y a des bouches d’égout qui se soulèvent. »

Plusieurs commerçants évacuent l’eau et la boue avec des raclettes, parfois accompagnés de leurs enfants. Brigitte Jouan, propriétaire du bar tabac Le Norway, se rend à sa voiture pour s’assurer qu’elle démarre toujours. En sandales, le pantalon mouillé jusqu’aux genoux, elle raconte : « On a eu la cave inondée. Elle s’est remplie d’un seul coup et l’eau est ressortie par la bouche d’égout, c’était vraiment impressionnant. Ca a été très vite, en une demi-heure de temps, c’est incroyable. »

Claude Rideller, marchand de chaussures, rappelle que son magasin « a été inondé cinq fois : en 1974, 1995, 2000, 2013 et 2018 ». « C’est pas l’eau qui est pénible, le pire c’est la boue. Je vais voir ce que je peux récupérer. »

Plus de deux cents interventions des pompiers

L’inondation, a expliqué la maire, a été provoquée par l’orage alors qu’habituellement elle résulte de la conjonction de forts vents, de précipitations et des coefficients de marée importants. « Demain, on aura des pompes. On a demandé l’aide des services de l’Etat pour cela », promet-elle.

Les sapeurs-pompiers, venus aussi du reste du département et des Côtes-d’Armor, ont réalisé plus de deux cents interventions. La crue devait atteindre des niveaux qui pourraient être supérieurs à ceux enregistrés lors de la crue de 2013.