Sommet de Singapour, enquête du procureur spécial Robert Mueller, guerre commerciale, tweets rageurs… La présidence de Donald Trump fournit matière à écrire, à spéculer et à commenter à toutes les rédactions aux Etats-Unis et dans le reste du monde. Pourtant, à intervalles plus ou moins réguliers, Melania Trump, la femme « furtive » du 45e président des Etats-Unis, cesse d’être un side project journalistique.

Pendant quelques jours, les journalistes oublient l’accord tacite consistant à dire « on laisse tranquille Melania et Barron » le plus jeune des enfants de Donald Trump. Comme si spéculer sur la garde-robe de la First Lady, son silence après les révélations sur la relation de son mari avec l’actrice porno Stormy Daniels ou la façon qu’elle a de tenir ou non la main de son mari pouvait aider à comprendre Trumpland.

Ces trois dernières semaines, c’est « l’absence » de la première dame qui a conduit la machine médiatique à s’emballer. Au point que, lundi 4 juin, sa « réapparition » a fait les gros titres.

« Ce soir,@POTUS [le président américain] et moi avons été honorés de rendre hommage à nos héros disparus », a écrit Melania Trump sur Twitter, accompagnant le message d’une série de photos la montrant dans l’aile Est de la Maison Blanche assise à côté de Donald Trump lors d’une réception en l’honneur des familles de soldats américains tombés au combat.

Elle apparaît également de manière… fugace sur une vidéo postée par Jena Greene, une journaliste du site Web conservateur DC Caller.

Opération

Mais cela n’a pas suffi à éteindre les rumeurs. D’autant que la première damne n’accompagnera pas son mari ni au sommet du G7, en fin de semaine à Québec, ni au sommet de Singapour, avec la Corée du Nord.

La dernière fois que Melania Trump avait été vue en public, seule ou accompagnée, remontait à la nuit du 10 mai, lorsqu’elle était venue accueillir, avec le président, trois anciens prisonniers américains que Pyongyang venait de libérer.

Le 14 mai, la Maison Blanche avait annoncé qu’elle avait subi « une procédure d’embolisation pour traiter un problème bénin au rein ».

Depuis, plus rien : elle avait disparu des écrans radars… devenant invisible alors qu’elle venait de lancer l’initiative Be Best (soyez meilleurs) contre le harcèlement sur les réseaux sociaux.

Les amateurs de théorie du complot – célèbres ou non, comme Bette Midler – s’en sont donnés à cœur joie pour spéculer sur cette absence. « Elle a quitté la Maison Blanche et est retournée vivre à New York » ; « elle collabore avec le procureur Robert Mueller » ; « elle est hébergée par le couple Obama » ; « elle a subi une opération de chirurgie esthétique et récupère », résument le site Politico et le Washington Post.

« Avez-vous vu cette personne ? »

La chaîne de télévision CNN a rebondi, publiant un calendrier affichant les jours d’absence de la première dame, tentant de justifier ses interrogations à propos de cette disparition, tandis que Fox News, chaîne réputée plus proche des thèses conservatrices, a repris la phraséologie de la Maison Blanche qui a critiqué l’attitude « enragée » des médias mainstream à propos de Melania Trump.

Dans l’East Village de New York, des affichettes ont été placardées : « Disparue. Melania Trump. Avez-vous vu cette personne ? », rapporte l’East Village Patch. D’autres, préfèrent en rire, croyant déchiffrer un appel à l’aide (Help) dans un tweet apocryphe de Melania Trump.

Qu’importe si Simon Javers, correspondant à Washington de la chaîne CNBC a signalé qu’il l’avait aperçue, le 29 mai dans l’aile ouest de la Maison Blanche. Le lendemain, l’intéressée a d’ailleurs tenté de rassurer ses followers sur Twitter :

« Je vois que les médias font des heures supplémentaires en spéculant où je suis et ce que je fais. Rassurez-vous, je suis ici à la Maison Blanche, avec ma famille, je vais bien et travaille dur pour les enfants et le peuple américain ! »

L’équipe de communication de la première dame s’est efforcée de tordre le cou à la rumeur : « Conjectures et absurdités. Mme Trump a toujours été une femme forte et indépendante qui place sa famille et, bien entendu, sa santé avant tout, et ça ne va pas changer à cause de journalistes enragés », a déclaré Stephanie Grisham, la porte-parole de Melania Trump.

Fascination récente pour la première dame

L’agence AP rappelle que Melania Trump n’est pas la première épouse d’un président à fuir l’attention des médias. Avant elle, Bess Truman s’est faite particulièrement discrète, préférant passer du temps dans le Missouri aux côtés de sa mère.

Nancy Reagan avait aussi disparu pendant quelques semaines après une mastectomie, en octobre 1987, avant de reprendre une activité, mais hors de l’attention des médias.

L’agence Associated Press rappelle que l’attention des médias pour la première dame a explosé avec la présidence Obama, qui a misé sur le développement des réseaux sociaux pour promouvoir la marque Michelle Obama. Avec succès.