Bibliothèque Maughan du King’s College de Londres. / Milàn Czerny

Chroniques londoniennes. Milan Czerny a partagé au fil de l’année scolaire son expérience au King’s College London, où il était étudiant en première année de relations internationales.

En France, les partiels de nombreux étudiants ont été perturbés par l’occupation d’universités en réponse à la loi « Orientation et réussite des étudiants » ( ORE). Au Royaume-Uni, des grèves dans les établissements d’enseignement supérieur ont eu lieu en mars et avril, mais il aurait été impensable que les élèves ne puissent pas passer leurs « finals » – les examens de fin d’année. Mes trois épreuves réparties sur trois semaines permettent de saisir les différences entre les deux systèmes, d’un point de vue académique et symbolique.

Mes examens portaient sur trois des quatre matières de l’année. Il m’était demandé, en « Théories des relations internationales », en « Histoire du système international », en « Enjeux sécuritaires contemporains », de choisir deux questions parmi huit proposées et d’y répondre en deux heures. Un temps très court, loin du luxe des six heures offertes en dissertation lors de mon année d’hypokhâgne, en France, pour un exercice qui nécessite un esprit de synthèse afin d’argumenter son opinion de manière précise et rapide.

Les questions portaient notamment sur le rôle du marxisme ou du genre en relations internationales, sur les facteurs explicatifs de l’absence de conflits directs entre l’URSS et les Etats-Unis durant la guerre froide ou enfin sur la sécurisation des flux migratoires. Des thèmes pouvant troubler certains de mes camarades, habitués à traiter des sujets plus « traditionnels ». Une élève russe m’a ainsi exprimé son mépris vis-à-vis de l’étude des genres, un sujet « bullshit », selon elle. Il a pu être également difficile pour certains de percevoir l’intérêt du marxisme, bien que la reproduction des inégalités soit criante dans le système britannique de par le coût élevé des inscriptions et la sélection en place.

Notes minimales requises

En effet, alors que la sélection à l’entrée des universités françaises est rejetée actuellement par une partie de la jeunesse en France, un processus d’admission qui passe par des lettres de motivation et des notes minimales requises est de rigueur pour intégrer les plus prestigieuses universités outre-Manche. En revanche, à l’opposé du système français où les examens servent à opérer une sélection qui passe par le redoublement ou l’éviction des étudiants ayant failli à atteindre la moyenne, l’immense majorité des élèves (tout du moins dans mon département) atteint le minimum requis pour être accepté l’année suivante.

L’objectif n’est pas tant de valider son année que d’obtenir une note élevée. Le système de notation est assez complexe : il s’agit d’avoir plus de 40 % pour valider son année, entre 40 et 50 % pour atteindre un third, 50-59 % pour un lower second, entre 60 et 69 % permet d’obtenir un upper second et enfin les notes au-dessus de cette tranche sont gratifiées d’un first. Un upper second voire un first est nécessaire pour être admis dans les masters les plus prestigieux d’Oxford ou Cambridge, pour obtenir un stage ou poste de qualité par la suite.

Cette différence avec le système français a des conséquences sur l’état d’esprit des étudiants qui pour la plupart sont conscients de la répercussion directe de leurs notes sur les perspectives de carrière. La bibliothèque, ouverte 24 heures sur 24 - sept jours sur sept, accueille jour et nuit des élèves stressés, les boissons énergisantes et les plaquettes de cachets de vitamines plus ou moins légales s’amassent sur les tables les semaines précédant les examens.

Le stress lié à l’attente des résultats ne se fait pas encore sentir. Cela ne devrait tarder : je connaîtrai les résultats de ces « finals » dans le courant de mois de juillet, ce qui me laissera tout juste le temps de préparer mes bagages pour ma deuxième année à l’étranger, à l’université Johns-Hopkins de Baltimore (Etats-Unis)… à condition d’obtenir un upper second.